Mille élèves pour cette nouvelle rentrée. Au lieu des 900 prévus au regard de la taille de l’établissement, soit un taux d’occupation de 111 %. À Latresne, le collège Camille-Claudel va débuter la nouvelle année scolaire en situation de sureffectif. Un problème dénoncé depuis des années par les enseignants comme les parents d’élèves. « Même s’il est difficile d’avoir un chiffre exact, le collège est construit pour 600-700 élèves. Ce ne sont que des préfabriqués qui permettent d’en accueillir 900 », explique le bureau de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) à Latresne, par communiqué. « L’infrastructure n’est pas prévue pour une telle population. »

« Couloirs étroits, manque de salles d’études, temps de cantine raccourcis, places limitées au CDI… » Une liste détaillée par les représentants d’élèves et que corrobore Stéphanie Richard, la représentante des enseignants au conseil d’administration : « C’est l’usine. Vu le manque de salles de classe, nous sommes obligés de faire sortir immédiatement les élèves de cours pour que le roulement puisse se faire, même s’ils ont besoin de parler. »

« C’est l’usine »

Alain de Carlo, professeur d’EPS et représentant syndical pour le SNES-FSU, abonde : « On entasse les enfants dans un bâtiment scolaire. Forcément, ces conditions génèrent du mal-être pour eux. Nous n’avons même pas une infirmière à temps plein pour ces 1 000 collégiens. » « À chaque conseil de classe, la vie scolaire fait remonter que de plus en plus d’élèves montrent des signes de phobie scolaire, de stress, de mal-être profond », insiste le bureau de la FCPE. « Moi, je vois des élèves qui ne veulent même plus rentrer dans le collège », complète Stéphanie Richard.

« Nous n’avons même pas une infirmière à temps plein pour ces 1 000 collégiens »

Au Département, on assure tout faire pour résoudre le problème. « Le collège de Fargues-Saint-Hilaire aurait dû ouvrir ses portes l’année dernière. Malheureusement, en raison d’une résistance locale, ce ne sera pas le cas. Mais un nouveau projet est en cours et permettra de désengorger le collège Camille-Claudel », souligne Céline Gœury, 1re adjointe à Latresne et vice-présidente de Gironde chargée de la protection de l’enfance, en évoquant le projet de nouvel établissement prévu d’ici à « la rentrée 2028 » à Saint-Caprais-de-Bordeaux.

Dérogations

Entre-temps, pour desserrer l’étreinte, Céline Gœury explique que la carte scolaire – le découpage géographique qui détermine dans quel établissement scolaire les élèves doivent être inscrits en fonction de leur lieu de résidence – sera revisitée cette année. Le Département a également engagé une action vis-à-vis du rectorat. « Nous sommes sur un territoire attractif. Ce collège subit beaucoup de dérogations géographiques. Elles sont initiées par des parents d’autres secteurs qui souhaitent faire éviter certains établissements à leurs enfants mais elles surchargent les effectifs. »

Pour les parents comme pour les enseignants, difficile cependant d’attendre l’ouverture du futur collège en 2028. Le 29 août, date de la pré-rentrée pour la communauté éducative, une prise de position face à ce problème de surpopulation sera donc au centre des discussions. Stéphanie Richard questionne : « Nous alertons depuis des années, le problème est ancien mais à chaque rentrée, les effectifs ne baissent pas. Devons-nous rester en apnée pendant trois ans ? Devons-nous accepter ce stress constant pour les enfants ? » En Gironde, le taux d’occupation moyen des collèges est de 85 % selon le Département.

Sur le territoire de l’Entre-deux-Mers, le collège de Créon également en sureffectif
Seulement 14 kilomètres entre les collèges de Créon et de Latresne et une situation identique. Sur ce territoire au sud-est de Bordeaux, qui connaît depuis plusieurs années une hausse démographique, le collège François-Mitterrand de Créon est lui aussi en surcharge. 1 050 élèves ont ainsi été inscrits en 2024 dans un établissement prévu pour 750. Une similitude avec le collège de Latresne qui a poussé le personnel des établissements et les parents d’élèves à lancer une pétition commune en janvier 2025. Objectif ? Face à des conditions d’accueil et d’enseignement considérées comme « indécentes pour le service public », le collectif réclame « la réhabilitation intégrale des deux établissements » et « la construction indispensable d’un nouveau collège dans le secteur ».