« T’es à quelle entrée toi ? » Difficile de s’y retrouver dans un stade de la Meinau en transition , pour ce premier match à domicile du championnat face au FC Nantes, ce dimanche 24 août. Même pour François et Sébastien, abonnés de longue date. Devant les nouvelles coursives couvertes de la tribune ouest, François est circonspect. « Tu ne croirais pas que c’est un stade, observe-t-il d’emblée une fois le scooter garé. C’est un peu comme un Zenith. » Mais pas de quoi troubler leur « bon moment à eux ».
L’un des changements majeurs de cette saison est la réorganisation des entrées au stade. « Il faut entrer à la porte indiquée sur son billet », explique Arthur. Et se garer en conséquence. Les entrées se sont ainsi démultipliées (et automatisées pour certaines) pour permettre un accès plus fluide… en théorie.
Les couacs de jeudi soir réparés ?
Jeudi 21 août au soir, lors du premier match de la saison face aux Danois de Brondby , plusieurs supporters ont fait état d’un manque de stock de boissons et de nourritures et de files d’attente à rallonge dans les différents bars secondaires installés dans les coursives. « C’était le bordel », résume simplement William, abonné depuis 8 ans et ancien pensionnaire du centre de formation. « On ne joue jamais le soir, observe Sam, un autre fidèle. Le club n’est pas habitué à recevoir autant de monde à manger. » Si les cheminements ne sont pas encore bien identifiés par la foule, les files vers les stands de restauration ont gagné en fluidité depuis jeudi soir.
L’autre évolution est la livraison de la tribune sud, déjà bien garnie pour la réception du FC Nantes. Mieux étagée, avec de la restauration à chaque palier. Mais « avec une tribune plus haute, on risque de perdre en résonance dans le stade », redoute toutefois William.
Le retour des abonnés au stade marque aussi celui des clivages autour du projet sportif du club. La « multipropriété » et BlueCo, l’actionnaire américain du club, sont sur toutes les lèvres. Les actionnaires « ont mis 100 millions d’euros, mais on ne connaît aucun joueur », résume Sébastien, en référence au recrutement de jeunes talents danois, anglais ou équatorien à l’intersaison. Mais « confiance » : « Il y a quinze ans, on se disait : c’est fini le foot à Strasbourg. »
L’investissement massif, « c’est une bonne chose », pour Gilles, abonné par intermittence depuis les années 90. « Ça montre qu’ils comptent rester sur le long terme. » Sans se faire d’illusion. « Je pense qu’à terme, l’objectif de BlueCo est de revendre l’équipe, mais plus chère. » « Je préfère une bonne saison avec des joueurs de 19 ans qu’une équipe plus “identitaire” mais qui joue le maintien », tranche Sébastien.
Crispation autour de l’actionnaire BlueCo
Dans les coursives de la tribune ouest, les membres des groupes de supporters tiennent le discours inverse. « Est-ce que ceux qui viennent pour le beau jeu étaient aussi abonnés quand on était en CFA2 ? » cingle Alex, fidèle du kop depuis 2006. « On ne vient pas au stade pour les mêmes raisons. » Moins pour constater que l’équipe progresse mais pour applaudir des joueurs « qui se donnent sur le terrain ».
« Est-ce qu’on a le choix ? » s’interroge enfin William, à propos de la stratégie de la multipropriété. « Les clubs qui ne prennent pas la même direction que nous sont voués à disparaître. » Il en veut pour preuve les difficultés financières de clubs, tels que Montpellier.
Malgré les 15 minutes de silence instaurées en guise de protestation, les groupes de supporters ont assuré l’ambiance, notamment grâce au déroulement d’un impressionnant « tifo » pour annoncer les 35 ans des Ultra Boys 90. Avec un clin d’œil inspiré à Jamy Gourmaud , de l’émission « C’est pas sorcier ».