Société

En 2024, Paris a reçu 48 700 000 touristes, et de nombreux Parisiens jugent que cette affluence commence à avoir des effets néfastes.

Publié le 24 août 2025 à 20h42

Basilique du Sacré-Coeur à Montmartre. Photo © Mark Hertzberg/ZUMA/SIPA

Basilique du Sacré-Coeur à Montmartre. Photo © Mark Hertzberg/ZUMA/SIPA

Il y a une quinzaine d’années, emménager à Montmartre donnait l’impression de vivre dans un petit village au cœur de Paris. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, confie un habitant à Euro News. Selon lui, les commerces de proximité disparaissent progressivement, tout comme l’atmosphère conviviale qui caractérisait le quartier. Ils sont remplacés par des hordes de gens qui prennent des selfies, des boutiques proposant des souvenirs pour touristes et des cafés dont les terrasses débordent dans les ruelles étroites et pavées, car le tourisme massif provoque de véritables dommages.

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Il en a assez. Il a décidé de mettre son appartement en vente après que les rues du quartier ont été transformées en zones piétonnes pour gérer l’afflux croissant de visiteurs. « Je me suis dit que je n’avais pas d’autre choix que de partir, car, comme je suis handicapé, c’est encore plus compliqué quand vous ne pouvez plus prendre votre voiture, quand vous devez appeler un taxi du matin au soir », a-t-il confié à l’Associated Press.

Au sommet de la colline, là où la basilique du Sacré-Cœur domine l’horizon parisien, les habitants regrettent ce qu’ils appellent la « disneyfication » de ce quartier autrefois bohème. La basilique annonce désormais accueillir jusqu’à 11 000 000 de visiteurs par an, dépassant même la fréquentation de la tour Eiffel, tandis que le quotidien du quartier est rythmé par les tuk‑tuks, les groupes de touristes, les files pour les photos et les locations temporaires.

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À travers l’Europe, de Venise à Barcelone, en passant par Amsterdam, les villes peinent à absorber le flot constant de touristes. À Paris, dans l’un des quartiers les plus fréquentés, certains habitants se mobilisent. À Montmartre, une banderole noire suspendue entre deux balcons porte, en anglais, « Derrière la carte postale : des habitants maltraités par le maire », tandis qu’une autre, en français, affirme : « Les habitants de Montmartre résistent ».

Paris, qui compte un peu plus de 2 000 000 d’habitants et bien plus si l’on inclut sa vaste banlieue, a accueilli 48 700 000 touristes en 2024, soit une hausse de 2 % par rapport à l’année précédente. Le quartier de Montmartre et ses environs se sont transformés en ce que certains résidents qualifient de parc d’attractions à ciel ouvert. Les commerces de proximité, comme les boucheries, boulangeries et épiceries, disparaissent progressivement, remplacés par des stands de glaces, des boutiques de thé à bulles et des points de vente de souvenirs. Pour tenter de limiter ces désagréments, la ville a renforcé les contrôles sur les locations de courte durée et les propriétés non autorisées.