Benjamin Duhamel prend la relève de Léa Salamé sur France Inter, et devient le rival sa propre compagneLe dialogue se poursuit

Selon que l’appel sera plus ou moins suivi par le personnel ce lundi et dans les jours à venir, la rentrée des antennes du groupe public (France Inter, France Culture, France Info, France Bleu, France Musique et Mouv’) pourrait être perturbée. La matinale de France Inter, la plus écoutée de l’Hexagone, doit notamment accueillir, ce lundi matin, Benjamin Duhamel. Ce transfuge de BFMTV a été recruté pour remplacer Léa Salamé, partie vers le « 20 heures » de France 2, aux côtés de Nicolas Demorand.

Le préavis de grève illimitée, déposé peu avant les vacances par l’intersyndicale de Radio France, cible plusieurs réformes, dont l’arrêt de la radio Mouv’ sur la FM dans les prochains mois, des changements éditoriaux au sein d’Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l’arrêt d’émissions d’investigation et de reportage.

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« Madame la présidente […], pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu. »

Léa Salamé aux commandes du 20h de France 2 : France Inter va devoir reconstruire sa matinale pour la rentrée

« Madame la présidente […], pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu », ont menacé les syndicats (CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA) dans un communiqué commun publié jeudi dernier. Des discussions menées vendredi avec la direction n’ont pas abouti à la levée du préavis.

« Pour l’heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes », ont déploré les syndicats, dans des propos répercutés par l’AFP. La direction du groupe a assuré, samedi, avoir « fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l’objectif d’une levée du préavis ». Une nouvelle rencontre est prévue ce lundi pour tenter de désamorcer les tensions.

France Télévisions doit se serrer la ceinture

La grogne sociale touche également France Télévisions, autre grand pilier des médias publics français. Les raisons en sont multiples : le projet de réforme de l’audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati ; la récente dénonciation de l’accord collectif à France Télévisions ; et de nouvelles mesures d’économies consécutives à une réduction des moyens financiers octroyés à France Télévisions.

Le projet de réforme de l’audiovisuel public prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’INA (Institut national de l’audiovisuel). Après un parcours parlementaire heurté (début juillet, la ministre Dati était passée en force au Sénat), ce texte doit revenir en deuxième lecture à l’Assemblée nationale à la fin septembre ou en octobre.

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Le 9 juillet, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, avait en outre dénoncé l’accord collectif (qui fixe notamment le temps de travail et définit les métiers) datant de 2013, conformément à l’engagement qu’elle avait pris devant l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) en mai. De quoi provoquer l’ire syndicale, certains avertissant que le troisième mandat de Delphine Ernotte Cunci allait être celui « de la confrontation ».

Ces tensions sociales ont lieu, enfin, dans un contexte budgétaire où les médias publics sont priés, par le gouvernement Bayrou, de se serrer encore davantage la ceinture. Début juillet, la patronne de France Télévisions a d’ailleurs annoncé l’arrêt de certaines émissions ou et la suspension de projets en cours.