Le groupe Kneecap a réaffirmé son soutien aux Palestiniens lors de son concert à Rock en Seine, ce dimanche 24 août. Pour autant, il a rappelé qu’il n’était « pas contre Israël ».
Le trio nord-irlandais Kneecap, dont l’un des membres est poursuivi par la justice britannique pour soutien au Hezbollah, a donné ce dimanche 24 août un concert sous haute surveillance au festival Rock en Seine, où il a de nouveau critiqué la politique israélienne à Gaza.
Ce concert d’une heure s’est tenu devant plusieurs milliers de personnes à Saint-Cloud (ouest de Paris), précédé d’une controverse sur sa tenue car ce groupe de Belfast a pris l’habitude de faire de ses shows une tribune pour la cause palestinienne sur fond de guerre dans la bande de Gaza.
« Free, free Palestine ! » a ainsi crié au début et à la fin de son spectacle le groupe, dont la musique oscille entre rap et punk, en haranguant une foule enthousiaste où étaient visibles des keffiehs et des maillots irlandais.
« Nous ne sommes pas contre Israël », a-t-il également affirmé, ajoutant: « Je sais que nous sommes en colère, mais nous sommes seulement ici pour nous amuser ».
« Un criminel de guerre »
Durant son spectacle, Kneecap a tout de même évoqué à plusieurs reprises la situation au Proche-Orient: « Netanyahu est un criminel de guerre » et « si vous n’appelez pas cela un génocide, comment appelez-vous cela ? », a-t-il notamment lancé.
Les autorités avaient prévenu qu’elles allaient avoir ce concert à l’oeil. L’un des trois membres du groupe, Liam O’Hanna dit Mo Chara, est en effet poursuivi pour « infraction terroriste » après s’être couvert, lors d’un concert à Londres en 2024, d’un drapeau du Hezbollah. Ce mouvement islamiste libanais pro-iranien, ennemi juré d’Israël, est classé terroriste au Royaume-Uni.
Soutenu par des centaines de partisans, Mo Chara a comparu mercredi dans la capitale britannique puis est reparti libre, la décision étant ajournée au 26 septembre.
Ces péripéties judiciaires n’empêchent pas Kneecap de poursuivre sa tournée à guichets fermés, comme à Glastonbury fin juin, où il avait accusé Israël d’être un État « criminel de guerre ». Il a en revanche été privé du festival Sziget de Budapest, après une interdiction d’entrée sur le territoire rendue par le gouvernement hongrois, proche allié d’Israël.
Des subventions retirées par la ville et la région
« On a l’assurance que le groupe va se tenir tout à fait correctement », avait expliqué à l’AFP Matthieu Ducos, directeur de Rock en Seine, quelques jours avant l’ouverture du festival.
« C’est un groupe qui reste relativement confidentiel en France mais qui a gagné beaucoup en notoriété ces derniers temps, pour des très bonnes raisons artistiques, mais aussi toute cette polémique qui a fait qu’il a gagné énormément en visibilité et en fans », avait-il ajouté.
Dans ce contexte, la ville de Saint-Cloud a retiré sa subvention de 40.000 euros à Rock en Seine, une première.
La région Ile-de-France a également annulé ses aides pour l’édition 2025. La subvention s’élevait à 295.000 euros en 2024, à laquelle s’ajoutent 150.000 euros d’aides indirectes à travers l’achat de billets.
Le désengagement de ces collectivités ne met toutefois pas en jeu la viabilité du festival, dont le budget est compris entre 16 et 17 millions d’euros cette année.
Trois concerts en France cet été
En France, Kneecap – « rotule » en anglais, référence à la pratique des milices paramilitaires qui tiraient dans les genoux de leurs victimes pendant le conflit nord-irlandais – s’est déjà produit à deux reprises cet été.
Leurs concerts aux Eurockéennes de Belfort début juillet et au Cabaret vert de Charleville-Mézières mi-août ont eu lieu sans incident mais des voix se sont élevées pour demander leur déprogrammation à Saint-Cloud.
« Ils profanent la mémoire des 50 Français victimes du Hamas le 7-Octobre comme de toutes les victimes françaises du Hezbollah », avait dénoncé sur X Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).