Les surtaxes imposées aux véhicules électriques chinois n’ont pas tari la créativité des constructeurs de l’Empire du Milieu. Portés par BYD et MG, les hybrides et hybrides rechargeables déferlent désormais sur l’Europe en proposant des offres attractives et en grignotant de plus en plus rapidement des parts de marché.
Contournement des taxes douanières: la grande parade hybride des Chinois
Depuis l’instauration, à l’automne 2024, de droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques chinoises allant jusqu’à 36,3 % pour MG, 27 % pour BYD, s’ajoutant aux 10 % de base), la stratégie des constructeurs asiatiques a changé de cap. Autrefois champions de l’électrique bon marché, BYD, MG et d’autres constructeurs chinois font désormais de l’hybride leur cheval de bataille pour échapper aux coups de frein réglementaires de Bruxelles. Suite à l’instauration des nouvelles surtaxes, les importations de voitures 100% électriques chinoises ont en effet plongé jusqu’à –60% pour certains modèles MG au premier semestre 2025.
Mais la riposte ne s’est pas faite attendre. BYD et MG ont en effet déplacé leur offensive vers les hybrides rechargeables et non rechargeables, encore épargnés par la vague de surtaxes européennes. Les chiffres sont intéressants : en mai 2025, les marques de voitures chinoises atteignent un record de 5,4 % de part de marché (soit plus de 60 000 véhicules écoulés), contre à peine 3 % un an plus tôt sur un marché européen qui ne croît que de 1,3 % sur l’année. Cette montée en puissance repose d’abord sur la capacité des constructeurs à s’adapter : au premier semestre 2025 BYD a immatriculé près de 20 000 PHEV (hybrides rechargeables) dans l’Union européenne et avec un seul modèle PHEV dans son catalogue. MG de son côté place l’hybride MG3 parmi les 10 voitures chinoises les plus vendues en France cette année (8 845 exemplaires), tandis que les ZS et EHS se hissent dans les tops ventes du groupe.
BYD a fait du Seal U DM-i, hybride rechargeable disponible à partir de 34 990 €, son nouveau chef de file. En mars, il s’en est vendu 6 276 exemplaires en Europe, détrônant le Volvo XC60 sur le segment des PHEV selon Dataforce. Ce modèle de 4,77 m, lancé au premier trimestre, propose une puissance de 217 ch en deux roues motrices et 323 ch en quatre roues motrices. Selon nos essais mesurés sur la première version, le Seal U DM-i emporte une batterie de 18,3 kWh permettant de rouler en tout électrique sur 76 km en ville avant que le 1.5 ne démarre, et 61 km sur route. Mieux encore, batterie vide, nos mesures ont relevé en ville une consommation de seulement 5,7 l/100 km, ainsi que 6,8 l/100 km sur route, soit des chiffres vraiment bas pour un véhicule de ce gabarit.
Hybrides chinois, des offres de plus en plus diversifiées à des tarifs imbattables
MG, de son côté, tire profit d’une gamme élargie mêlant hybrides et hybride rechargeable. Les MG3 et ZS hybrid+ partagent la même chaîne de traction, développant 197 ch tout en affichant une certaine sobriété avec une consommation de 5,4 l/100 km lors de notre essai presse pour la citadine et une moyenne de 6 l/100 km sur notre exigeant cycle de mesure avec le ZS hybrid+, ce qui place ce rival du Dacia Duster comme le best-seller de la marque avec plus de 4 728 immatriculations depuis le début d’année chez nous, pour un tarif imbattable de 23 490 €.
Mais ce n’est pas tout. Diversifiant son offre, MG mise aussi sur l’hybride rechargeable avec son plus gros SUV EHS à 37 990 € développant 272 ch et surtout offrant 117 km en ville et 79 km sur route en tout électrique selon notre protocole. Batterie vide, nos débitmètres ont mesuré 5,8 l/100 km en ville et 8,8 l/100 km sur route et autoroute. Imparfait dynamiquement, en particulier le Seal U DM-i qui doit faire de gros efforts au niveau du réglage de ses suspensions et de la remontée d’information dans le volant, ces voitures montrent que les constructeurs chinois ont su rapidement changer leur fusil d’épaule et proposer des offres pragmatiques non seulement en phase avec le marché mais idéales pour contourner les droits de douanes.
Une concurrence européenne plus chère
En face, la concurrence européenne, même si elle affiche des prestations routières supérieures et de meilleures consommations ou autonomies en tout électrique s’affiche à des tarifs nettement plus élevés: le Peugeot 3008 Plug-in Hybrid 195 ch démarre à 41 990 €, le Peugeot 5008 Plug-in Hybrid 195 ch est à 43 990 €, le Volkswagen Tiguan eHybrid 204ch débute à 53 900 €. Chez Renault le nouvel Austral commence à 41 800 € et le Dacia Duster Hybrid 140 se positionne à 26 900 €. Des tarifs systématiquement plus élevés que la concurrence venue de l’Empire du milieu.
Au final, l’ensemble des constructeurs chinois représente désormais 4,1 % des ventes automobiles totales en Europe, contre 2,5 % un an plus tôt. Tous modèles confondus, la part de marché globale dépasse pour la première fois les 5 % au printemps 2025. En plus, BYD finalise actuellement deux usines, en Hongrie (300 000 véhicules/an) et en Turquie (jusqu’à 200 000/an), et envisage déjà une troisième ligne de production dans les 2 ans. MG lancera d’ici 2027 une unité d’assemblage d’au moins 100 000 véhicules par an, un projet qui pourrait se concrétiser hors des pays ayant voté en faveur des droits de douane. Chaque site vise une double cible : alimenter la demande croissante en Europe et esquiver les droits de douane en produisant localement. La parade hybride n’est du coup pas anodine : elle permet aussi aux constructeurs chinois de roder leurs réseaux (BYD vise un doublement des concessions en France d’ici 2026), de préparer l’après-sanction (si elle arrive) et d’accroître leur notoriété avant de revenir à l’assaut de l’électrique pur.