Comme le lundi de Pâques, le 8 mai férié est dans le viseur du premier ministre qui souhaite le supprimer pour réaliser plus de 4 milliards d’euros d’économie dans le budget 2026. Un mesure vivement critiquée à Marseille, notamment autour du Vieux-Port, martyrisé en 1943 par les nazis.

« C’est scandaleux ». Antoine Mignemi n’y va pas par quatre chemins. Le Marseillais est l’un des derniers témoins directs de la destruction du quartier Saint-Jean et des rafles du Vieux-Port de 1943. Pour lui la proposition de supprimer le 8 mai comme jour férié est « un effacement de l’histoire. Moi quand je vais raconter mon histoire aux jeunes générations, je finis toujours par leur dire : un pays qui oublie son histoire est condamné à la revivre. C’est un très mauvais signal pour le devoir le mémoire ».

Le président du collectif « Saint-Jean 24 janvier 1943 » n’est pas le seul à s’indigner sur le Vieux-Port. « Le quartier qui a été rasé, je ne l’ai pas connu, je n’étais pas né. Mais mes parents et mes grands-parents l’ont vécu. Et je peux vous dire que si ils étaient vivants ils auraient rué dans les brancards contre cette mesure. Pour la mémoire, ça ne se fait pas. Ils n’ont qu’à aller prendre l’argent ailleurs. Chez tous les anciens dirigeants qui ont encore des chauffeurs et des gardes du corps par exemple » tempête Yves, habitant du quartier Saint-Jean.

Le férié du 8 mai déjà supprimé sous Giscard D’estaing entre 1975 et 1981

Alors que l’on s’apprête à célébrer les cérémonies en mémoire de la libération de Marseille, l’association marseillaise « Résister aujourd’hui » s’oppose également à la suppression du 8 mai comme jour férié :  » Supprimer le 8 mai, c’est effacer peu à peu la commémoration de la victoire sur le nazisme, de la libération, de la paix et du retour des libertés. C’est priver les jeunes générations d’un repère essentiel de notre histoire commune » estime Serge Vial, son président qui l’écrit dans un courrier qu’il va adresser, entre autres,  au Premier Ministre.

Jennyfer Juvénal, avocate, petite fille du résistant Max Juvénal, participe depuis une semaine  à quasiment toutes les cérémonies en mémoire de la Libération de la Provence. Elle sera à Marseille dans quelques jours pour le 81è anniversaire de la libération de la ville. Elle rappelle que son grand-père, ancien chef régional des mouvements unis de la résistance, était opposé à cette suppression du 8 mai férié : « Il s’était opposé à la décision de Valéry Giscard D’Estaing en 1975. Car pour lui célébrer le 8 mai n’était pas une « revanche » sur l’Allemagne, mais un appel à la communauté international à s »unir contre toute forme de régime d’oppression ».

« Cette date est universelle, elle concerne tout le monde »

Si la suppression du lundi de Pâques férié n’a pas soulevé outre mesure, le 8 mai reste une date « sacrée » pour de nombreux provençaux. « Pour honorer la mémoire des morts, et pour le devoir de mémoire » selon Yves. « Cette date est universelle. Elle concerne toutes les religions, et tous les pays. La capitulation du nazisme fait date dans l’histoire mondiale » estime de son coté Chantal. « On pourrait supprimer le 1er novembre à la place, ça ne changerait pas grand chose pour les morts » propose de son côté, ironique, Sylvie.

►Marseille commémore les 81 ans de sa libération samedi 30 août, avec un grand bal populaire au Pharo.

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