Charles Kushner est convoqué au ministère français des Affaires étrangères ce lundi 25 août après avoir fait part de « sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de [son] gouvernement pour le combattre » dans une lettre adressée à Emmanuel Macron.

Charles Kushner, l’ambassadeur des États-Unis en France, va être convoqué lundi 25 août au ministère des Affaires étrangères après des critiques sur « l’absence d’action suffisante » du président Emmanuel Macron contre l’antisémitisme qui ont provoqué la colère de Paris. Dans une lettre adressée au chef de l’État obtenue dimanche par l’AFP, l’ambassadeur exprime « sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de [son] gouvernement pour le combattre », rejoignant ainsi des critiques déjà faites par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Qualifiés d’accusations « inacceptables », ces propos sont « réfut[é] fermement » par le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères : ils « vont à l’encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États […]. [Ils] ne sont par ailleurs pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les États-Unis et de la confiance qui doit en résulter entre alliés », a réagi le Quai d’Orsay qui a précisé que « l’ambassadeur Kushner sera convoqué […] ce lundi 25 août » – une mesure rarissime entre alliés.

Les critiques du diplomate américain, qui a récemment pris ses fonctions à Paris, interviennent quelques jours après une violente charge de Benyamin Netanyahu contre le président français qu’il accuse « d’alimenter le feu antisémite en appelant à la reconnaissance internationale de l’État de Palestine », analyse à laquelle la présidence française avait déjà répliqué en la qualifiant d’« erronée, abjecte et [qui] ne demeurera pas sans réponse ».

« Plus possible de tergiverser »

Dans sa lettre datée du lundi 25 août, l’ambassadeur américain reprend l’argumentaire de Benyamin Netanyahu. « Des déclarations qui vilipendent Israël et des gestes en reconnaissance d’un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France », estime Charles Kushner, père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, qui ajoute : « Aujourd’hui, ce n’est plus possible de tergiverser : l’antisionisme, c’est l’antisémitisme, point ». « Il ne se passe pas un jour en France sans que des Juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées, et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées. Le ministère de l’Intérieur de votre propre gouvernement constate que des écoles maternelles ont été ciblées par des dégradations antisémites », poursuit encore celui-ci alors que les actes antisémites sont en nette progression dans l’Hexagone depuis le 7 octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.

Le représentant des États-Unis en France s’indigne également que « presque la moitié de jeunes Français disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah ». Vantant les actions du président Trump en la matière et la capacité à « combattre l’antisémitisme, tant que nos dirigeants ont la volonté d’agir », Charles Kushner exhorte le président français « à agir avec résolution ». « La montée des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023 est une réalité que nous déplorons et sur laquelle les autorités françaises font preuve d’une mobilisation totale, tant ces actes sont intolérables », a réagi la diplomatie française.

Cette lettre de l’ambassadeur des États-Unis à Paris est adressée à Emmanuel Macron alors que celui-ci a annoncé, à la fin du mois de juillet, que la France allait reconnaître l’État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Dans la foulée, plus d’une dizaine de pays occidentaux, parmi lesquels le Canada et l’Australie, ont appelé d’autre pays du monde à faire de même.

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