Réforme de l’assurance chômage, retraites, suppression de postes dans la fonction publique, gel des dépenses… Les dossiers s’empilent sur son bureau, alors qu’il ne l’occupe que depuis deux mois. En juin dernier, Mathieu Cocq s’est installé dans le fauteuil de secrétaire général de la CGT Ille-et-Vilaine. Une « responsabilité » à laquelle il a été élu pour trois ans et où il succède à Dominique Besson-Milord, aux manettes depuis novembre 2018.

L’homme, œil bleu perçant et barbe foisonnante, n’est pas un inconnu. Militant depuis plusieurs années, le trentenaire (il aura 35 ans «bientôt») est peu à peu monté en puissance au sein de l’union départementale cégétiste, allant jusqu’à prendre la parole au nom de la CGT lors du dernier défilé du
1er-Mai, à Rennes
. Signe que la transmission des dossiers avait déjà un peu commencé entre lui et sa prédécesseure.

Sciences Po, EHESS, Normale sup

Originaire de Redon (35), où il a connu ses premières mobilisations en 2006, contre le contrat première embauche (CPE), Mathieu Cocq a fait de belles études. «Toujours dans le public […] Je suis très attaché au service public», tient-il à souligner. Dans son CV : Sciences Po Rennes, l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et l’École normale supérieure (ENS) Paris-Saclay, où il soutient, fin 2019, une thèse sur la valorisation du travail des joueurs dans l’industrie du jeu vidéo. Des travaux qu’ils mènent en parallèle d’une activité d’enseignement à Rennes et qui lui permettent de décrocher un titre de docteur en sciences économiques.

En 2019, il intègre la CGT nationale en tant que responsable du pôle économique, un poste que cet adepte des réseaux sociaux (il a notamment animé une chaîne sur Twitch afin de vulgariser les sujets économiques) quittera fin 2023. Aujourd’hui, il dit occuper un poste de « chargé de projet », dont il est détaché pour officier à la CGT 35. On n’en saura pas plus…

Mobilisation contre le budget à la rentrée

Ses nouvelles fonctions en Ille-et-Vilaine, Mathieu Cocq les vit comme celles d’un « chef d’orchestre » : fédérer, représenter et animer les 200 organisations constitutives de l’union bretillienne et leurs 8 000 adhérents (deuxième syndicat du département en termes de représentativité, derrière la CFDT). Ensemble, ils tâcheront de dérouler la feuille de route votée lors du congrès. Parmi les priorités : renforcer la présence du syndicat localement, lutter contre la montée de l’extrême droite, défendre « un modèle économique et environnemental différent », « au profit des travailleurs ». « Ce régime économique va dans le mur […] Il y a un autre avenir que celui qui nous est proposé », lance Mathieu Cocq, convaincu que « c’est collectivement qu’on trouvera des solutions ».

À court terme, c’est la mobilisation contre les annonces d’économies budgétaires du gouvernement qui occupera la CGT 35. Si rien n’est encore décidé (notamment sur le soutien à apporter ou non au mouvement citoyen appelant à bloquer le pays le 10 septembre), une chose est sûre, les cégétistes seront sur le pont à partir de septembre. « Les annonces budgétaires sont d’une violence inouïe et ne pèsent que sur le monde du travail. On ne peut pas laisser passer ça, cingle Mathieu Cocq. Pour les Français, je pense que ce sera la goutte d’eau. »