Les barrières n’ont pas bougé. La façade semble s’être ternie. Le temps est suspendu devant le 20, boulevard de Riquier, depuis le 1er juin 2023.

Le jour où les habitants des huit appartements ont dû quitter les lieux à la hâte, emportant le nécessaire, les papiers.

Quelle est la situation, presque deux ans plus tard? « Rien n’a changé », assène, amer, Hassan Messad, l’un des copropriétaires. Il lui a paru, un temps, que l’issue se rapprochait mais les procédures sont très longues.

Les concernés accusent la Sagec (1), qui a construit l’immeuble mitoyen et dont le chantier a fragilisé le leur. Mais les responsabilités ne sont pas encore établies.

« Nous avons eu une réunion avec l’expert mandaté par le tribunal, fin janvier. Il nous a expliqué qu’il rendait ses conclusions à la fin de cette année. Nous nous attendions à les recevoir plus tôt mais le dossier est très complexe. Alors nous patientons, raconte avec philosophie Hassan Messad. Des sondages et des relevés ont été effectués mais l’expert souhaite prendre d’autres mesures pour être sûr de son rapport. »

Réparation ou démolition – reconstruction

« Dans le premier cas, l’expert doit être certain que plus rien ne bouge. On le comprend: il ne veut prendre aucun risque car ce n’est pas la première fois que ça arrive », explique le Niçois.

En effet, pareille mésaventure était arrivée il y a trente ans, avec les mêmes protagonistes, lorsqu’avait été érigé un immeuble à droite de celui évacué. À l’époque, la procédure avait duré une quinzaine d’années.

« Nous espérons que ce soit plus rapide, cette fois », souffle le voisin.

Et si la réparation est impossible ou trop onéreuse, « alors l’immeuble sera reconstruit. L’enjeu financier est énorme, c’est pour cela que l’expert prend tant de précaution. Il est tout de même à l’écoute, il nous a dit qu’il avait conscience que des familles étaient en difficulté. En revanche, pendant ce temps-là, les assurances sont bien silencieuses, déplore Hassan Messad. Elles traînent des pieds. Globalement, dans ce dossier, nous, les propriétaires, avons l’impression qu’on essaie de nous épuiser pour accepter des compromis au rabais. Certains se retrouvent dans une situation inextricable parce que nous ne pouvons pas vendre, les échéances de crédits continuent à tomber et il y a toujours des charges et taxes à payer. »

Lorsque l’expert rendra ses conclusions, la procédure se poursuivra devant le juge qui devra, le cas échéant, fixer l’indemnisation. Cela se compte en années plus qu’en mois.

Autant dire que le 20, boulevard de Riquier, ne va pas bouger à brève échéance. « Or un immeuble inoccupé se dégrade. » Car il est toujours interdit à quiconque d’y pénétrer. Les lieux sont placés sous surveillance.

1. Sollicitée, la société a refusé de s’exprimer.