Sous pression extrême des oppositions, qui le menacent de censure dès la fin septembre, et des nombreux appels à manifester contre son budget, voire à bloquer le pays le 10 septembre prochain, le Premier ministre a fait le choix d’une conférence de presse l’après-midi du 25 août. François Bayrou va continuer à défendre ses 44 milliards d’euros d’économies et lancer cette rentrée potentiellement explosive.
En France, la quête de François Bayrou, ou plutôt son pari, n’a pas changé. Il s’agit de faire prendre conscience aux Français de la gravité du moment. « Soit la chute de la falaise, soit le chemin pour s’en sortir », comme il l’a posé dans la presse de ce week-end du 23 au 24 août, en insistant sur le fait que « tout le monde doit participer à l’effort avec des garanties de justice ».
François Bayrou est contraint de se répéter, ce lundi. Les grandes vacances sont passées par là et son exercice de pédagogie, peu suivi en août sur YouTube, n’a probablement pas suffi. « On ne retient que la suppression de deux jours fériés et les efforts demandés aux retraités, mais on réforme aussi l’État », déplore un conseiller.
Il s’agit évidemment aussi de conjurer les intentions de l’opposition, en embuscade, à gauche comme à l’extrême droite. Cette semaine, il entame des consultations avec les partis, mais aussi des partenaires sociaux pour évoquer les manifestations à venir.
Dans cet instant survie, le Premier ministre est soutenu par le président Macron avec lequel il a d’ailleurs préparé cette rentrée, la semaine dernière à Brégançon. Deux hommes à la popularité faible et au destin lié dans la séquence qui s’ouvre.
Bayrou n’a pas l’intention de baisser les bras
Le Premier ministre n’a pas l’intention de baisser les bras face aux pressions des partis et de la rue. « Il va mettre tout le monde au pied du mur », assure un conseiller. Comme depuis le 15 juillet dernier, François Bayrou garde l’espoir de faire adhérer les Français avant une rentrée qui doit être, selon ses mots dans le journal Le Parisien, « à la hauteur de l’Histoire avec un H Majuscule ».
Son été sans congés, consacré à défendre son budget sur les réseaux sociaux, semble, à ce stade, infructueux. D’après les sondages, les Français rejettent massivement son plan, soutiennent les blocages annoncés pour le 10 septembre, soutenus par la gauche, et souhaitent désormais une censure du gouvernement. « Si on est censuré, la France perdra la main sur son avenir. Il faut le comprendre », assure un proche du Premier ministre béarnais.
François Bayrou doit aussi tempérer les ardeurs des oppositions qui parlent toutes de censure. S’il les juge obsédés par la prochaine élection présidentielle, il pourrait donner des marges de négociation avec les socialistes dans le viseur. Pas tant sur la suppression de deux jours fériés, mais sur le niveau de taxation des hauts revenus. Lui-même concède, cependant, une situation très compliquée, face à ce bazar qu’est devenue l’Assemblée nationale.
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