Terminé en Seine-Maritime, les collèges en béton froid avec des cours en bitume ouvertes à tous les vents. Depuis 2022, le Département s’est engagé dans une réflexion afin de végétaliser les cours de récréation. Le premier établissement en milieu urbain à avoir subi depuis septembre 2024 ce lifting est le Collège Émile Verhaeren de Bonsecours, une commune de la côte Sainte-Catherine à Rouen.

Et de l’avis général (élus, enseignants, personnel et bien entendu collégiens), c’est une réussite ! Au point que le département de Seine-Maritime vient de valider l’expérimentation et que d’autres collèges vont bientôt bénéficier à leur tour de ce retour à la nature. Le vice-président de Seine-Maritime et maire de Bonsecours, Laurent Grelaud, l’a annoncé d’emblée, lors de la présentation de l’espace coloré agrémenté de centaines de végétaux.

Des jeux, dont un terrain de football à cinq et une table de tennis de table, une piste de course, des espaces de relaxation, de bancs réalisés à partir des grumes de vieux arbres, une prairie fleurie avec son hôtel à insectes, son composteur et son amphithéâtre engazonnée complètent le décor.

« Les élus n’ont pas à proprement parler participé à la définition du projet, a-t-il assuré. Ils l’ont accompagné. Notre rôle n’était pas de dire qu’il fallait faire comme ceci ou comme cela. Il fallait veiller à ne pas partir sur un projet de végétalisation pour se faire plaisir et répondre totalement à des exigences environnementales. Il y avait un vrai équilibre à trouver qui n’est pas tellement facile. »

« C’est unique en France, a précisé Laurent Grelaud, nous avons mis autour de la table des experts du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et, pour le volet éducatif, le Réseau CANOPE (Réseau de formation des enseignants) afin de balayer la diversité de toutes les contraintes, les attentes et les besoins pour construire ce projet avec une exigence plus éducative et pédagogique. »

Le collège lui-même a participé à la conception à travers « les élèves qui ont été sollicités sur l’utilisation de la cour, des assises, du marquage au sol, des jeux, du choix des végétaux ainsi que les enseignants lors de réunions et d’échanges. Une jeune chargée de mission architecte a même fait le lien entre le maître d’œuvre, les entreprises et le collège tout au long des travaux », a expliqué de son côté Caroline Laurent, la principale. Les travaux entamés en avril 2024 et ont été livrés en septembre de la même année.

« Tous les réseaux ont été refaits, a précisé le maire. La partie imperméable a été divisée par deux. C’est beaucoup car, en même temps, c’était impossible de faire une cour en pelouse. Le coût s’élève 600 000 euros dont 250 000 euros de subventions et 300 000 euros rien que pour la végétalisation. »

« Ce n’est pas une révolution, est-il convenu, mais une fois dans la cour, les élèves vivent avec la nature et la biodiversité. Ils la regardent, se l’approprient et y sont plus sensibles. Ce n’est pas comme en parler pendant un cours, projeté sur un tableau blanc. On ouvre à la découverte, car les jeunes n’y vont pas spontanément. C’était à nous, les adultes, d’amener cette offre. »

Des études lancées dans sept nouveaux établissements

Caroline Laurent a de son côté perçu depuis des changements de comportement chez les collégiens. « Ils se créent des espaces privatifs. Sur le temps méridien, la vie scolaire a remarqué qu’il y avait une cour plus apaisée. Le collège, c’est le moment de la scolarité qui emmène l’enfant à l’adolescence : il est plus statique, s’assoit et discute. Nous devions avoir une cour plurielle qui prend en compte ce passage de la vie. »

Les enseignants et le personnel ont également apprécié, voyant leur cadre de travail s’améliorer. « Depuis la salle des profs, ils ont une vue sur la prairie et l’amphithéâtre où ils peuvent aussi enseigner différemment, a poursuivi Catherine Laurent. D’ailleurs, d’autres principaux de collège m’ont contactée et sont intéressés. »

Certains seront satisfaits, car des études sont lancées pour les collèges Fontenelle à Rouen, Eugène Delacroix à Valmont, Hector Malot à Mesnil-Esnard, Rollon à Gournay-en-Bray, Eugène Varlin au Havre, Fernand Léger au Petit-Quevilly et Jacques-Émile Blanche à Saint-Pierre-lès-Elbeuf. Et cette logique sera à l’œuvre dans toutes les nouvelles constructions.