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Guerre en Ukraine : une semaine après le sommet de Washington, la paix se rapproche-t-elle ? (Photo : Volodymyr Zelensky a été reçu le lundi 18 août à Washington par Donald Trump.)
GUERRE EN UKRAINE – Leur dernière rencontre dans le Bureau Ovale en février avait été un tel fiasco que les espoirs de paix entre l’Ukraine et la Russie avaient été douchés. Cette fois-ci, l’entrevue de Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche s’est bien mieux passée lundi 18 août. Mais toujours est-il qu’une semaine après, ce lundi 25 août, il reste difficile de voir se profiler la paix.
Pour éviter que ne se reproduise l’échec cuisant des discussions du 28 février entre le président américain et son homologue ukrainien, qu’il avait humilié devant les journalistes, des dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, étaient venus pour appuyer la position de Kiev. Cette dernière était sommée par le républicain d’accepter des concessions après le sommet Trump-Poutine en Alaska qui n’a pas permis d’arrêter les combats en Ukraine.
Leur présence a dû être bénéfique puisque la rencontre s’est déroulée de façon plutôt positive. À l’issue du rendez-vous, sans rentrer dans les détails, Trump a fait plusieurs promesses, comme la mise en place de garanties de sécurité « fournies » par l’Europe en « coordination » avec les États-Unis sous « dix jours ». Ceci afin de prévenir toute nouvelle attaque russe sur ce pays en cas d’accord de paix avec Moscou. Le républicain avait aussi affirmé avoir « commencé les préparatifs » d’une rencontre entre les présidents ukrainien et russe.
Pas de rencontre Zelensky-Poutine prévue
Oui mais voilà, une semaine plus tard, les belles promesses et les espoirs s’effritent. La perspective d’une rencontre s’est considérablement éloignée, à entendre les déclarations venues de Moscou, Washington ou Kiev.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé vendredi 22 août le président ukrainien de bloquer l’organisation d’une éventuelle réunion avec son homologue russe, au lendemain de critiques similaires du dirigeant ukrainien envers Moscou. À ce stade, il n’y a « pas de rencontre prévue », a-t-il ajouté. « Poutine est prêt à rencontrer Zelensky lorsque l’ordre du jour de ce sommet sera prêt. Et cet ordre du jour n’est absolument pas prêt », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne américaine NBC.
Quant à Donald Trump, il est désormais bien moins affirmatif. « Nous allons voir si Poutine et Zelensky vont travailler ensemble. Vous savez, c’est un peu comme l’huile et le vinaigre. Ils ne s’entendent pas très bien, pour des raisons évidentes », a-t-il déclaré, perspicace, à des journalistes à Washington. Un peu plus tard, il a dit se donner « deux semaines » pour décider de sa ligne. « Ce sera une décision très importante, et soit ce seront des sanctions ou des droits de douane massifs ou les deux, ou soit nous ne ferons rien », a-t-il déclaré.
Dimanche, Zelensky a encore plaidé avec vigueur pour une rencontre avec Poutine, mais Moscou lui a reproché son insistance, dénonçant un « entêtement ».
L’armée russe enchaîne les prises en Ukraine
Et pendant ce temps-là, sur le terrain, la situation ne s’améliore pas, loin de là. La Russie a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une attaque massive sur l’Ukraine, utilisant 574 drones et 40 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne, un nombre record depuis la mi-juillet.
À Kostiantynivka, forteresse ukrainienne menacée par la progression russe dans cette région, des bombardements ont duré « plusieurs heures » vendredi et fait un blessé, selon le gouverneur Serguiï Gorbounov.
L’armée russe poursuit ses avancées, qui se sont accélérées ces derniers mois face à un adversaire en infériorité numérique. Elle a revendiqué vendredi la prise de trois nouvelles localités dans la région de Donetsk, où se concentre l’essentiel des combats, puis deux autres samedi. Ce qui marque un pas de plus vers la ville de Kostyantynivka, bastion important sur la route de Kramatorsk qui est pour sa part un point clé pour la logistique ukrainienne sur le front de la région de Donetsk.
Le lendemain, dimanche, l’armée ukrainienne a assuré avoir repris trois villages de cette région, mais ce lundi 25 août, une nouvelle prise russe a été revendiquée, celle du village de Zaporizké dans la région de Dnipropetrovsk.
Les garanties de Trump, un (gros) point de blocage
En attendant une éventuelle accalmie, certains points de discussions bloquent encore : les fameuses garanties évoquées par Trump. Il a déclaré mardi qu’un soutien aérien américain ainsi que l’envoi de troupes européennes en Ukraine pourraient en faire partie, mettant en garde contre une situation « difficile » si les négociations entre Kiev et Moscou échouaient.
« Ils sont prêts à envoyer des troupes sur le terrain » a-t-il assuré à Fox News, en faisant référence aux dirigeants européens rencontrés à Washington. Il a par ailleurs ajouté qu’il était « prêt à aider », notamment via l’envoi d’un soutien aérien.
Autre alternative : un renforcement de l’armée ukrainienne. Autant d’idées auxquelles s’oppose catégoriquement Moscou. Zelensky a d’ailleurs reconnu que le travail sur ce sujet était « très difficile ».
Moscou a fait « d’importantes concessions » selon JD Vance
Malgré tout, l’administration Trump assure qu’il y a du mieux dans cette situation. Le vice-président JD Vance a affirmé que Moscou, depuis le sommet le 15 août en Alaska, avait fait d’« importantes concessions » auprès de Donald Trump « pour la première fois en trois ans et demi de conflit ».
« Ils veulent en fait être flexibles sur certaines de leurs exigences fondamentales. Bien sûr, ils n’y sont pas encore complètement parvenus et la guerre n’est pas terminée, mais nous sommes impliqués dans un processus diplomatique de bonne foi », a-t-il assuré.
Autre marque de bonne volonté, la Russie et l’Ukraine ont échangé dimanche 146 prisonniers de guerre de chaque camp, grâce à des efforts de médiation des Émirats arabes unis. Une goutte d’eau de positif dans trois ans et demi de guerre sanglante.