Cela ferait partie de l’accord passé le mois dernier, que le président sud-coréen Lee Jae-myung va réétudier ce lundi 25 août, à Washington, durant sa première rencontre avec son homologue américain, Donald Trump.
En obtenant que ses taxes douanières avec les États-Unis passent de 25 à 15 %, la Corée du Sud s’est engagée à débloquer un fonds de 150 milliards de dollars (128 milliards d’euros) consacré à la coopération bilatérale en matière de construction navale, explique The Washington Post. C’est ce qu’on appelle à Séoul, précise le quotidien coréen The Dong-a Ilbo, le projet Masga, pour Maritime and Shipbuilding Growth Alliance, l’“Alliance de croissance maritime et de construction navale”.
Lequel projet a rapidement été rebaptisé “Make America shipbuilding great again”, “Rendre sa grandeur à la construction navale américaine”, dans une référence directe au slogan Maga (“Rendre à l’Amérique sa grandeur”) de Donald Trump. Car c’est bien là l’une des marottes du président américain, relève le Washington Post :
“Trump a fait de la revitalisation de la construction navale américaine une priorité pour tenter de combler l’écart avec une Chine dominante.”
C’est peu de dire qu’il y a du pain sur la planche : l’industrie navale américaine a été sacrifiée sur l’autel de la rationalisation néolibérale par l’administration Reagan des années 1980, au point de représenter aujourd’hui moins de 1 % du marché mondial.
Rêves idylliques
À l’inverse, “l’industrie de la construction navale sud-coréenne est florissante depuis les années 1970 grâce à d’importantes subventions gouvernementales”, rappelle le Dong-a Ilbo. Un modèle qui a fait florès chez les voisins de Séoul : à eux seuls, la Chine, la Corée du Sud et le Japon représentent 90 % de la capacité mondiale de construction navale.
“C’est précisément pourquoi Séoul a misé sur les navires, son principal moyen de pression, et peut-être le seul, face à Trump”, contextualise le Washington Post. Interrogé par le quotidien, Shin Hyung Rhee, professeur d’architecture navale à l’université nationale de Séoul, analyse, avec quelques mises en garde :
“Je pense que les Coréens sont très enthousiastes car c’est la première fois que les États-Unis disent à Séoul : ‘Hé, les gars, pouvez-vous faire quelque chose pour nous ?’”
Mais “il est peut-être prématuré pour les Sud-Coréens de nourrir des rêves idylliques” quant à l’avenir de cette coopération, avertit le chercheur. “Je ne sais pas si ce sera l’immense opportunité que certains imaginent.”
Le chantier naval de Philadelphie, le 28 avril 2025. PHOTO KRISTON JAE BETHEL/NYT
La forme que prendra cette coopération reste en effet mystérieuse : des entreprises sud-coréennes vont-elles acheter des chantiers navals américains, comme celui de Philadelphie, acquis l’année passée par le groupe Hanwha ? Vont-elles y transférer leurs technologies ? Dans quelles conditions ?
Autant de points qui devraient être discutés entre les présidents Lee Jae-myung et Donald Trump, au milieu d’autres sujets sensibles comme le chantage au retrait des troupes américaines stationnées en Corée du Sud, si Séoul ne paie pas plus. Un grand mélange des genres qui caractérise désormais les deals de Donald Trump.