Dans le cadre de la loi américaine interdisant l’importation de tout produit issu du travail forcé en Chine, les douanes ont récemment bloqué des cellules solaires en provenance d’Asie. L’entreprise concernée tente désormais d’accéder tout de même au marché, car selon elle, aucune règle n’a été enfreinte.

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Les cellules présentes dans les panneaux solaires Qcells seraient-elles fabriquées par les Ouïghours ? En tout cas, c’est ce que craignent les Américains, qui empêchent actuellement ces produits d’atterrir sur leur territoire.

Dans le port de Long Beach, en Californie, des cellules solaires de la marque Qcells, du groupe coréen Hanwha Solutions, n’ont pas réussi à passer les inspections douanières. Retenues depuis mi-juin, celles-ci sont soupçonnées d’être issues du travail forcé en Chine, chose que l’entreprise démentit catégoriquement.

Seulement une petite quantité bloquée

Ces cellules solaires saisies par les douanes américaines proviennent de la Corée du Sud, et devaient être livrées à l’usine de fabrication de modules de Qcells, implantée en Géorgie. Si la quantité exacte n’a pas été communiquée, le média coréen Dong-a Ilbo précise qu’elle reste trop faible pour perturber la production locale. PV magazine affirme que les douanes américaines ont fait état de sept expéditions coréennes retenues en juin. Parmi celles-ci, les appareils électroniques représentent une somme d’environ 3,10 millions d’euros, et sont principalement composés de panneaux solaires, de batteries, et de divers équipements pour modules solaires.

Une saisie dans le cadre de la loi UFPLA

Depuis plusieurs années, la Chine est accusée de recourir à du travail forcé assimilé à une forme d’esclavage moderne. Raison justement pour laquelle les Américains ont adopté la loi UFPLA Uyghur Forced Labor Prevention Act (Loi sur la prévention du travail forcé ouïghour), entrée en vigueur en juin 2022. L’objectif est d’empêcher que des produits issus du travail forcé des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes de la région chinoise du Xinjiang entrent sur le marché américain.

Tout élément fabriqué dans cette zone est effectivement présumé provenir de la traite humaine, en particulier les produits textiles, les panneaux solaires et les composants photovoltaïques, ainsi que les tomates et leurs dérivés.

Les cellules de QCells ont été retenues dans le cadre de cette nouvelle loi. Autrement dit, elles sont soupçonnées d’être liées à cette région. Pour rappel, l’an dernier, l’entreprise avait déjà été pointée du doigt par Bloomberg pour s’être approvisionnée auprès d’un fournisseur chinois sanctionné pour recours au travail forcé.

Un approvisionnement hors de Chine ?

De son côté, l’entreprise se veut rassurante en évoquant une simple inspection de routine. Le vice-président de la stratégie de marché et des affaires industrielles chez QCells a confié à PV magazine que l’entreprise ne s’approvisionne pas en Chine. « Tout dans notre chaîne d’approvisionnement actuelle est hors de Chine », a-t-il déclaré. La société dit par ailleurs coopérer pleinement avec les autorités américaines. « Nous avons expliqué aux autorités douanières américaines qu’il n’y a eu aucune violation et que nous coopérons activement avec leurs demandes de documentation », aurait également affirmé l’entreprise d’après le journal coréen Dong-a Ilbo.

Quoi qu’il en soit, certains interprètent la situation comme une intensification des mesures commerciales américaines — auquel cas, l’industrie solaire américaine elle-même risque d’en subir les conséquences. En effet, l’approvisionnement en cellules solaires est déjà considéré comme l’un des maillons faibles de la filière et pourrait être davantage fragilisé. D’autant plus que, par tous les moyens, les États-Unis ferment leurs portes aux exportations chinoises, les empêchant d’accéder aux composants chinois pourtant abondants.

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