Court, étroit et parsemé d’épingles serrées, le circuit du Balaton Park avait déjà livré une image glaçante samedi, lorsque la KTM de Pedro Acosta, après une chute, a filé tel un boulet de canon vers un caméraman trop facilement atteignable à l’extérieur d’un bac à gravier. Dimanche, c’est la chute d’Enea Bastianini qui a pétrifié les spectateurs, le pilote et sa moto à terre coupant la piste après une chute dans la partie médiane d’une chicane.

On était alors en tout début de course et la meute était encore compacte, si bien qu’il a fallu tout le talent de slalomeurs des autres pilotes et une grande dose de chance miraculeuse pour que Bastianini, quatrième au moment de sa chute, ne soit percuté par personne lorsqu’il a coupé la piste sur toute sa largeur à la sortie de cette chicane.

Lire aussi :

Le pilote Tech3, qui pointait déjà la dangerosité du circuit la veille, n’a pas caché s’être fait très peur. « Quand on traverse la piste, on se pose toujours des questions, on espère qu’il ne va rien se passer », explique-t-il. « Ça a été effrayant mais j’ai été réactif pour contrôler où étaient les autres parce qu’avec un petit mouvement, on peut influencer la vitesse qu’on a [en glissant] sur la piste. Quand j’ai vu que Luca [Marini] avait la possibilité de passer à l’extérieur, j’ai préféré glisser et j’ai fait en sorte que mon corps rejoigne les graviers le plus vite possible. »

« J’ai sauté comme un chat ! Mon corps n’y était pas vraiment prêt, j’étais déjà complètement détruit après la chute [de samedi], mais dans un moment comme ça, on oublie ce qu’on ressent. J’ai essayé de contrôler ce qui se passait mais tous les pilotes ont été super et ils ont très bien réagi, et moi aussi. »

Son avis est désormais très clair au sujet de ce circuit nouvellement ajouté au calendrier : « Je trouve cette piste fantastique, elle me procure beaucoup de plaisir et mes sensations avec ma moto étaient très bonnes, mais en course, ça fait peur. Ces chicanes sont très petites et il peut facilement arriver ce qui m’est arrivé [dimanche]. Tous les pilotes ont eu de la chance, et moi j’en ai eu beaucoup, mais pour la sécurité, il vaudrait sans doute mieux changer des choses à certains endroits du circuit à l’avenir. »

Pas de pénalité à Barcelone

Cette chute, survenue dès le premier tour alors qu’il était quatrième, est venue mettre un terme prématuré à un week-end bien lancé mais dont Enea Bastianini repart finalement bredouille. Rapide dès vendredi, il s’est qualifié quatrième et a par deux fois entamé les courses parmi les premiers. Or, le fait d’avoir été percuté par Fabio Quartararo au début du sprint et d’avoir chuté seul le lendemain a gâché les espoirs de l’Italien de bien figurer.

Samedi, il était apparu impuissant, tant lorsqu’il a été heurté par le pilote Yamaha que lorsque, plus tard, sa moto est restée bloquée et a causé un autre carambolage avec Zarco. Mais pour ce qui est de cet accident dominical, il en assume pleinement la responsabilité, tout en estimant que le fait de ne pas avoir disputé l’intégralité du sprint a pesé dans sa faute.

« Mon point de référence au freinage est toujours beaucoup plus tardif que celui des autres. De ce point de vue-là, on a vraiment un avantage », explique le pilote Tech3. « J’ai essayé de me montrer très conservateur, de ne pas trop en faire dans le premier tour, c’était mon intention. »

« Mais quand je me suis retrouvé derrière Marc [Márquez], j’ai senti ce flux qui fait qu’on ne s’arrête pas, on ne s’arrête pas, on ne s’arrête pas… Je suis allé vers l’extérieur et je suis probablement passé sur une trajectoire qui était un peu sale. De toute façon, le pneu medium avait besoin d’un tour et demi pour être prêt et il ne l’était pas encore. C’est dommage, j’aurais dû freiner encore plus tôt. »

 

« C’est ma faute, j’ai fait une erreur. J’aurais dû freiner plus tôt, il m’a manqué le sprint, la piste est très petite. Sur une piste comme celle-ci, sur laquelle on était très compétitifs, c’est dommage d’avoir gâché tous ces points et la possibilité de monter sur le podium. »

« Ce qu’on peut sauver de ce week-end, c’est juste la vitesse. Pour le reste, ce qui était important c’était le résultat et il n’est pas venu. Quand on a l’opportunité d’obtenir un bon résultat, il est important de pousser fort et d’essayer de faire quelque chose de plus. Aujourd’hui, j’ai fait une erreur et hier c’est un autre pilote qui en a fait une, et le résultat c’est qu’on ne manque aucun point. Par contre, on retient beaucoup de motivation et de vitesse, et on va emporter ça avec nous pour Barcelone. »

S’il regrette grandement la pénalité de double long-lap qu’il a reçue samedi après le sprint, lors duquel il a été reconnu responsable d’avoir fait tomber Johann Zarco avec pour la récidive pour circonstance aggravante, l’Italien peut en revanche s’estimer soulagé car sa sanction appartient désormais au rang des mauvais souvenirs. En dépit de sa chute, elle est en effet désormais effacée, le protocole réglementaire voulant qu’une telle pénalité ne peut se reporter au Grand Prix suivant que lorsqu’une blessure ou un autre problème lié à l’incident qui l’a entraînée empêche le pilote de l’exécuter.

Lire aussi :

Dans cet article

Soyez le premier informé et souscrivez aux alertes mails pour recevoir les infos en temps réel

S’abonner aux alertes de news