Par

Florine Amenta

Publié le

25 août 2025 à 17h05

« Ce n’était déjà pas beau l’année dernière, mais là, c’est le pompon ! » Place de la Halle aux Herbes, dans le Vieux-Nice (Alpes-Maritimes), Angélique Villain est désespérée. Elle va même plier boutique. La gérante du restaurant Le Romarin décrit un été avec très peu de clients. Et qui, de surcroît, regardent de plus en plus à la dépense. Son cas est loin d’être isolé. Les comptes de ses collègues sont, pour l’immense majorité, également dans le rouge.

« Sur une table de dix, ils ne sont que six à commander ».

Angélique Villain parle de -24 % de fréquentation par rapport à l’été 2024. Elle gère Le Romarin depuis 2019, lorsque les chiffres étaient encore « très bien ».

Elle note que de nombreux clients partagent des plats. L’assiette des spécialités niçoises est particulièrement convoitée. « Mais les gens ne commandent rien de plus alors que c’est une entrée ». Quand d’autres ne consomment tout simplement pas, « sur une table de dix personnes, ça arrive de plus en plus que seules six commandent. »

Le ticket moyen de sa clientèle s’élève à 22 euros par personne, « c’est effrayant parce que ça reste un montant faible, mais les gens ne sont pas là. »

« On n’en pouvait plus »

Son restaurant propose un service en continu, « mais on voit qu’il y a largement moins de monde sur la place [Rossetti], c’est un constat aussi visuel. » Autour, en ce vendredi fin d’après-midi, seul le glacier Fenocchio affiche complet : une masse de touristes est regroupée devant les vitrines réfrigérées. À la fin du mois d’août, Angélique Villain stoppera son activité, « on a vendu, on n’en pouvait plus ».

Le constat est similaire à La Pairolière, en bas de la rue de la Tour. « Que des malpolis ! Les clients n’ont plus de patience et plus personne ne donne de pourboire. On n’est pas payé au kilomètre ! » Les employés du brunch sont unanimes.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

« On a de plus en plus de clients irrespectueux, lâche Louann Loquien derrière le bar. Depuis l’inflation, le comportement a changé. » Dans un ras-le-bol général, serveurs et barman corrèlent le manque de moyens avec les mauvais comportements.

-20 à -30 % de chiffre d’affaires

« L’année dernière, il y avait plus de monde et plus d’empathie », souffle un des serveurs en pointant du doigt deux jeunes filles. « Elles sont arrivées, se sont assises sans demander et ont commandé deux Spritz, sans bonjour ni s’il vous plaît ».

Pour attirer des clients – majoritairement des touristes, étrangers autant que français – un « happy hour » a été mis en place, avec des réductions en début de soirée, ainsi que des soirées musicales. Mais rien n’y fait, « on a entre 20 et 30 % de chiffre en moins par rapport à l’année dernière », constate Céline, co-gérante. « Les gens vont au Super U d’en face prendre des sandwichs et manger sur la plage. »

La jeune femme réfléchit, elle aussi, à changer de métier, quatre ans après avoir repris ce lieu avec son conjoint. « L’année dernière, les clients prenaient une bouteille de vin. Là, c’est une carafe d’eau. En comparant aux dernières années, il y a un gouffre. »

Avec le manque de moyen, un commerce alimentaire tire son épingle du jeu : Lou Pilha Leva et sa part de socca à trois euros. « On a juste eu une baisse de 10 % de chiffres pendant la canicule, mais le reste de l’été était identique aux autres », sourit la gérante, Monique Martin.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.