Selon vous, que cherche à faire François Bayrou en provoquant un vote de confiance dès le 8 septembre au Parlement ?

Le premier ministre aime convoquer Pierre Mendès France pour se complaire dans une attitude de martyr qui dit la vérité au pays seul contre tous. Mais cela ne fonctionne pas, car François Bayrou essaie de mettre du panache là où il n’a en réalité qu’un comportement de paillasson vis-à-vis du patronat et des milieux financiers. Au fond, ce que dit le chef du gouvernement, c’est qu’il n’y a qu’une seule vérité, la sienne, et qu’il repartira dans ses montagnes si les Français ne sont pas capables de la comprendre.

J’ai le sentiment qu’Emmanuel Macron veut pousser tous les feux de sa politique ultralibérale pour rendre en 2027 une copie parfaite aux milieux économiques qui l’ont fait élire. Mais comme le pays ne veut pas de sa potion composée d’austérité aggravée pour les services publics, de jours fériés en moins, de suppressions de remboursement pour certains soins et médicaments, alors le premier ministre se livre à un énième chantage au surendettement du pays, dans une posture sacrificielle et en cherchant à prendre la France à témoin.

Ce qui me frappe, c’est qu’il le fait avec un mépris immense pour les Français, qu’il accuse d’être responsables de la dette et même d’être incapables de comprendre la gravité de la situation.

Que feront les députés communistes lors du vote de confiance du 8 septembre ?

Il n’y a aucun doute sur le fait que nous voterons contre la confiance à un gouvernement qui prend les Français pour des imbéciles et qui entend persévérer dans une politique qui a échoué. François Bayrou demande un vote de confiance sur un constat, celui du danger de la dette et de la nécessité de faire des économies, et prétend qu’il sera ensuite possible de discuter. Mais la confiance ne peut pas s’accorder sur la simple base d’un constat, elle s’obtient devant une proposition politique !

Et nous savons très bien quels sont les projets de la Macronie, qui multiplie les 49.3 et se montre depuis 2017 incapable d’écouter les propositions alternatives à son projet. Personne ne dit que la dette n’est pas un problème, et nous n’avons d’ailleurs jamais cessé de proposer les pistes les plus justes et efficaces pour la réduire.

Mais elles ont toujours été rejetées par la Macronie qui veut faire payer la note aux Français. Nous sommes toujours prêts à débattre des mesures à prendre, mais pas en accordant la confiance, avant même la discussion budgétaire, à un gouvernement qui s’enferme dans l’échec et l’injustice au service des plus riches.

L’exécutif cherche-t-il à affaiblir la mobilisation du 10 septembre en convoquant le Parlement deux jours avant ?

Le gouvernement se trompe s’il croit désamorcer le niveau de colère historique dans le pays. L’annonce du prochain budget, en juillet, a constitué une déclaration de guerre sociale. Le tout, alors que cela craque de partout, dans les écoles et les hôpitaux, et que le coup de force antidémocratique de la réforme des retraites n’a pas été digéré. On nous parle d’une énième réforme de l’assurance-chômage et de fusionner les aides sociales pour faire la chasse aux soi-disant fraudeurs.

Pendant ce temps, le rapport sénatorial de notre collègue Fabien Gay a permis d’évaluer à 211 milliards d’euros la somme des aides publiques versées sans contrepartie aux entreprises. Le gouvernement préfère regarder ailleurs, et refuse encore et toujours de revenir sur les cadeaux fiscaux qu’il a offerts aux plus fortunés. Il y a donc logiquement un grand sentiment d’injustice, et ce n’est pas la tirade lunaire de François Bayrou sur l’avenir de nos enfants qui y changera quelque chose.

À quel débat public vous attendez-vous dans les jours qui viennent ?

Les macronistes vont faire peser de toutes leurs forces le risque de l’instabilité, mais personne ne veut d’une stabilité qui se traduirait par la poursuite de cette politique injuste, récessive et inefficace. La réalité, c’est que le macronisme affaiblit la France. Nous venons de passer sous les 10 % de part de l’industrie dans le PIB. La pauvreté n’a jamais été aussi élevée depuis trente ans en pourcentage et en chiffre absolu.

Il n’y a rien qui va. La potion libérale et de casse sociale inoculée au pays va à l’encontre de notre contrat social et de tout ce qui fait sa singularité. Le camp au pouvoir tente de faire croire qu’il est le plus lucide et courageux, que tous les autres sont des irresponsables. À nous, à la gauche, aux communistes, qui viennent de présenter un plan de relance crédible de 500 milliards d’euros pour préparer le pays aux défis de l’avenir, de ne rien lâcher pour montrer qu’un autre chemin est possible.

Aux côtés de celles et ceux qui luttent !

L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité. 

  • En exposant la violence patronale. 
  • En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire. 
  • En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie. 

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