Le diplomate américain était convoqué ce lundi au Quai d’Orsay après l’envoi d’un courrier critiquant vivement l’action du gouvernement français face à l’augmentation des actes antisémites.

Cela ne relève pas du langage diplomatique. Pourtant, l’ambassadeur des États-Unis à Paris ne s’est pas rendu à sa convocation au Quai d’Orsay prévue ce lundi, a appris Le Figaro de source diplomatique française. Charles Kushner, père du gendre de Donald Trump, était sommé de s’expliquer après la publication d’une lettre dans laquelle il fustige ouvertement l’action du gouvernement français, et plus précisément d’Emmanuel Macron, dans la lutte face à l’antisémitisme.

En lieu et place de Charles Kushner, c’est le Chargé d’affaires, un autre diplomate chargé d’assurer les fonctions de l’ambassadeur en cas d’absence ou d’indisponibilité, qui a été convoqué. Ce dernier a été reçu par la Directrice générale adjointe des affaires politiques et de sécurité ainsi que par la directrice des Amériques et des Caraïbes du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, confie la même source. Au cours de cet entretien, il a été signifié au Chargé d’affaires que les critiques émises par l’ambassadeur constituaient une ingérence dans les affaires intérieures de la France. Le diplomate américain a tout de même indiqué que Charles Kushner exprimait sa disposition à travailler avec la France sur la lutte contre l’antisémitisme.


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«Un travail remarquable»

Dans sa lettre publiée ce dimanche, également destinée à Donald Trump et à Benyamin Netanyahou, l’ambassadeur américain exprimait «sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre». Des «allégations inacceptables» pour le Quai d’Orsay mais soutenues par Washington ce lundi en indiquant que «l’ambassadeur Kushner est le représentant du gouvernement des États-Unis en France et effectue un travail remarquable en faisant progresser nos intérêts nationaux dans ce rôle».

Pour le gouvernement français, ces propos d’un diplomate américain en poste en France violent la Convention de Vienne de 1961, qui régit les relations diplomatiques et consacre le «devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États». De telles déclarations «ne sont par ailleurs pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les États-Unis et de la confiance qui doit en résulter, entre alliés», a insisté Paris.