L’écrivain Jacques Poulin s’en est allé; il s’est éteint à l’âge de 87 ans.

Jacques Poulin, discret, a vécu son existence à l’abri de l’effervescence qu’aurait pu lui apporter la notoriété, préférant un quotidien paisible, avec ses chats. Un peu à l’image de sa plume, d’ailleurs, qui dépeignait les petites choses de la vie, la petite musique l’appelait-il. Son œuvre, composée de quatorze romans, en est une chaleureuse, sensible et emplie de cette délicatesse dans les détails, que seuls ceux qui savent observer le monde avec une bienveillante acuité peuvent raconter.

Son troisième roman, Les grandes marées, est couronné d’un Prix littéraire du Gouverneur général, mais c’est avec Volkswagen blues qu’il conquiert son public. Avec Le vieux Chagrin, il remporte le prix Québec-Paris. Il a également écrit La tournée d’automne, Le cœur de la baleine bleue, L’anglais n’est pas une langue magique, Jimmy, Les yeux bleus de Mistassini ainsi qu’Un jukebox dans la tête. En 2008, il reçoit le prix Gilles-Corbeil pour l’ensemble de son œuvre. Il avait l’écriture lente et posée; plusieurs années pouvaient séparer un roman de l’autre, nous laissant dans l’expectative. En librairie, les livres de Jacques Poulin se proposent aux jeunes comme aux plus vieux, aux gens de passage curieux de connaître le Québec, aux lecteurs et lectrices qui veulent lire du sublime, à ceux et celles qui désirent s’évader avec beauté et qui souhaitent se faire murmurer à l’oreille une chanson douce.

Un auteur précieux, donc, qui a enrichi le Québec par la qualité autant que par la précision de son écriture. Ses livres, qui traversent la Gaspésie, le fleuve, la ville de Québec, l’île d’Orléans et l’Amérique, témoignent de cette envie d’honorer le territoire, d’y poser ses mots comme des empreintes. Jacques Poulin nous a offert des livres qui perdurent et qui se faufilent dans une bibliothèque, tels des piliers ou des monuments, qu’on ne peut oublier, rassurants et réconfortants par leur simple présence. À nous maintenant de faire fleurir ses mots dans l’imaginaire de ceux et celles qui n’ont pas eu la chance de le lire.