Ce samedi 29 mars, des militants des partis Reconquête, Les Patriotes et Debout la France, ont battu le pavé à Rouen (Seine-Maritime) pour s’opposer aux zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). La manifestation avait été organisée en réaction à une décision du tribunal administratif de la ville, neuf jours plus tôt. Celui-ci avait alors prononcé un non-lieu sur le recours en justice demandant l’abrogation de la mesure dans 13 communes de la métropole, déposé par les associations 40 millions d’automobilistes et la Fédération des équipementiers et distributeurs automobiles (Feda).

Mais ces derniers ont remporté une victoire politique ce mercredi 26 mars, cette fois au niveau national. Contre l’avis du gouvernement, la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi sur la « simplification de la vie économique » à l’Assemblée nationale a ainsi fait passer deux amendements déposés par la Droite Républicaine et le Rassemblement national afin de faire supprimer les ZFE-m. Les parlementaires examineront le texte dans l’hémicycle à partir du 8 avril.

À l’approche des élections municipales de 2026, la pression politique augmente pour demander une révision de la loi concernant ces ZFE-m, des zones des grandes villes interdites d’accès aux véhicules les plus polluants. Si les défenseurs de la mesure pointent du doigt les problèmes de santés liés à la qualité de l’air, responsables d’environ 40 000 morts par an, les opposants soulignent le fait qu’elle pénalise les plus modestes, qui ne peuvent pas investir dans un véhicule correspondant aux critères.

Les automobilistes et les autres

À Rouen, une partie de ces opposants marchait ce samedi de l’Hôtel de ville pour rejoindre la place du Vieux-Marché, entonnant une Marseillaise sous le Gros-Horloge. Une centaine de militants de Reconquête, des Patriotes et de Debout la France, rejoints par quelques badauds, voulaient ainsi « dénoncer la création de la ZFE-m sur la Métropole Rouen Normandie », affirme Jean-Marc Bled, délégué départemental Reconquête pour la Seine-Maritime. « C’est une mesure impopulaire qui fait en sorte de sortir de l’agglomération des personnes qui n’ont pas de véhicules avec le bon critère. Aujourd’hui, c’est au moins 10 % d’automobilistes qui ne peuvent plus venir à Rouen. Demain, si on interdit le Crit 2, on passera à plus de 30 %. C’est inégalitaire. C’est de l’écologie punitive que nous ne pouvons pas considérer comme bénéfique pour la population. »

Si certaines métropoles ont demandé un report de 5 ans de la mesure pour mieux préparer sa mise en place, le militant rejette l’idée. « Cela ne veut pas dire annuler. Nous sommes opposés aux directives européennes qui veulent interdire les véhicules thermiques dans les villes d’ici 2030. La majorité des gens n’ont pas les moyens d’acheter des véhicules électriques ou Crit 1 », explique-t-il. « Notre manifestation est un acte de rébellion face à cette volonté de l’Europe. La ZFE-m est une vision antirépublicaine de notre société qui oppose la communauté des automobilistes qui peuvent conduire et les autres. Circuler, c’est la liberté. » Des arguments repris par les autres opposants à la mesure présents, l’un d’eux dénonçant la mise en place des ZFE-m « comme une punition, un moyen de ne plus voir les gueux, une ségrégation sociale ».