Il était jugé ce lundi pour « dégradation du bien d’autrui commise en raison de l’appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une nation ou à une religion ». L’homme, qui a reconnu être l’auteur de tags « Free Palestine » sur des voitures, dont certaines appartenant à des personnes de confession juive, à Châtel (Haute-Savoie), a été condamné à 16 mois de prison dont huit ferme, a annoncé le procureur de Thonon-les-Bains ce lundi.
Ce saisonnier de 32 ans devra également suivre des obligations de soins, de travail ou de formation, indemniser les victimes et accomplir un stage de citoyenneté, a précisé dans un communiqué Xavier Goux-Thiercelin.
« Les trois parquets de Haute-Savoie élaborent actuellement un projet de stage de citoyenneté avec le musée mémorial de la Maison d’Izieu, et le prévenu devrait pouvoir effectuer son stage dans ce cadre », a indiqué la même source.
« Faire entendre sa voix et passer un message sur la Palestine »
Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, huit véhicules avaient été tagués. Quatre de ces véhicules appartenaient à des membres de la communauté juive Loubavitch, résidents du Royaume-Uni, venus passer des vacances à Châtel. Les quatre autres voitures « présentaient des ressemblances avec des véhicules utilisés par des membres de cette communauté », avait précisé le procureur.
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Une enquête pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en raison de la prétendue race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion de la victime » avait été ouverte.
Menée par la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de Thonon-les-Bains, appuyée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine de la gendarmerie nationale, elle avait permis d’identifier un suspect, utilisateur d’un véhicule présent à proximité des différents faits.
Placé en garde à vue, ce saisonnier de 32 ans avait commencé par nier les faits avant de les reconnaître, selon le procureur. Il avait expliqué avoir voulu taguer les véhicules de « juifs israéliens » pour « faire entendre sa voix et passer un message sur la Palestine » et avait déclaré « regretter les faits », poursuit cette même source.
L’homme avait déjà été condamné pour vol en 2018 et pour deux faits d’infractions routières entre 2022 et 2023. Il avait été déféré dimanche au tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate.
Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Auvergne-Rhône-Alpes avait dénoncé des actes « ignobles, commis dans une station de vacances où séjournent régulièrement des familles juives venues du monde entier ».
Depuis des décennies, plusieurs stations des Alpes accueillent des membres de la communauté juive orthodoxe chaque été, notamment dans le cadre de voyages organisés.