[Rentrée littéraire 2025] Dans Les dernières écritures, Hélène Zimmer explore le pouvoir corrosif d’un livre fictif, miroir de nos angoisses écologiques et intimes. Un roman qui trouble autant qu’il captive.

Un livre peut-il détruire des vies ? Si la question prête à débat, Hélène Zimmer semble avoir un avis tranché. Publié le 21 août, dans le cadre de la rentrée littéraire, aux éditions P.O.L, Les dernières écritures s’intéresse au pouvoir des mots et à l’impact d’une œuvre sur le quotidien de cinq personnages. Ce livre, c’est Le bilan. Une étude conçue par une cohorte de scientifiques qui analysent l’état du monde actuel et annoncent « le compte à rebours funeste du globe ». Un ouvrage qui « s’écrit comme une longue et irrémédiable FIN » et qui « commence là où les autres se terminent et déroulent des phrases qui savent qu’elles n’ont aucun avenir », commente l’une des héroïnes d’Hélène Zimmer.

Un récit intime et explosif

Les dernières écritures n’est pas un roman qui se dévore sur la plage. Loin d’un page-turner façon La femme de ménage, c’est un livre qui demande toute notre attention. Œuvre résolument contemporaine et actuelle, elle nous questionne sur des sujets brûlants tels que le dérèglement climatique ou encore notre responsabilité vis-à-vis de cette situation écologique dramatique. Néanmoins, la romancière ne se contente pas d’exposer des faits que l’on ne connaît que trop bien. Elle leur donne de la profondeur en les intégrant au quotidien de cinq personnes lambdas, à qui le lecteur peut aisément s’identifier.

Il y a Cassandre Mercier, une professeure de français qui rumine sa rupture amoureuse et qui, dans un élan de (auto) destruction, décide de faire étudier Le bilan à des collégiens. Il y a Léa Bergeron-Filippi, l’une de ses élèves de 3°B, qui a ingéré tous les antidépresseurs de sa mère après avoir rendu un devoir sur cette sombre étude. Il y a aussi Céline Ladurie, une avocate bien décidée à défendre la jeune enseignante tout en assistant à l’effondrement de sa propre vie amoureuse et familiale. De l’autre côté de la salle d’audience, il y a Thomas Lelièvre, avocat de la famille Bergeron-Filippi qui n’accepte pas sa séparation avec celle qu’il pensait être la femme de sa vie et qui le rend un brin obsessionnel. Enfin, il y a Bertrand Ruggieri. L’un des scientifiques à l’origine du Bilan, qui a totalement perdu le contrôle de sa vie après la parution du livre.

Malgré quelques longueurs, cette galerie de personnages complexes parvient à capter notre attention, et ce, jusqu’à la dernière page. En confrontant l’histoire avec un grand H à des récits de vie plus intimes, la romancière nous met face à nos propres névroses – pour notre plus grand plaisir. De ces pages se dégagent une réflexion sur le dérèglement climatique, l’enseignement, le mariage, la liberté, la fin du monde et la réparation.

Après avoir conquis le public et la critique avec ses films À 14 ans et Journal d’une femme de chambre, et ses romans Fairy Tale et Dans la réserve (qui s’intéressait déjà à l’écologie), Hélène Zimmer confirme avec Les dernières écritures sa capacité à concevoir des récits aussi justes que vertigineux.

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