» Morts pour la France sous les balles allemandes, le 21 août 1944, en défendant le commissariat de police qui s’érigeait ici ». Place Germain-Loro, là où s’élevait jadis l’hôtel de police de La Seyne, une plaque honore la mémoire des inspecteurs de police Xavier Franceschini, 30 ans, Jacques Brès, 25 ans, et du gardien de la paix Maurice Marcoul, 25 ans, chef du réseau local de la Résistance, tragiquement décédés il y a un peu plus de 81 ans, lors d’un assaut donné par les Allemands.

Leur souvenir, avec celui de Charles Le Hir, un civil, résistant chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) qui, en ce jour funeste, échappa de peu à la mort (avec le gardien de la paix Henri Ducher et d’autres policiers, dont MM. Taulaigo ou Rocchesani, comme le souligne l’historien Jean-Claude Autran), sera rappelé, aujourd’hui lors d’une cérémonie anniversaire, en lien avec les commémorations de la libération de la ville.

« L’exemple du sacrifice de nos collègues »

« Le sacrifice de nos collègues seynois, dont nous suivons encore l’exemple, est un de ces multiples témoignages qu’au sein de notre institution agissent des fonctionnaires courageux et déterminés, capables d’aller au bout de leur action jusqu’à y laisser leur vie », met en avant le commandant Bernard Garcia, adjoint au chef de circonscription de la police nationale à La Seyne. Ce soir à 18h, devant la plaque commémorative, en présence des autorités civiles et militaires, il lira le récit de l’assaut tragique avant que des gerbes ne soient déposées.

Lors de sa prise de fonctions à La Seyne, il y a six ans, souhaitant rédiger un travail de mémoire exhaustif, l’officier de police aidé par des agents du patrimoine seynois avait rassemblé les archives militaires et locales.

Il y a un peu moins de 81 ans, donc, en ce 21 août 1944, alors que les forces terrestres alliées dont la 1re armée commandée par le général De Lattre de Tassigny ont débarqué en Provence il y a sept jours et commencé leur progression vers Marseille,  » au commissariat de police de La Seyne, se trouve un groupe de policiers résistants. Des FFI accompagnés de civils assurant la liaison entre la résistance et la police, pose le commandant Garcia. Une rumeur circule selon laquelle des soldats américains arrivent au rond-point de la Pyrotechnie ». N’écoutant que leur courage: « les policiers résistants installent alors un drapeau tricolore. Ils capturent trois soldats allemands. Une barricade est constituée rue Gounod ».

Un civil « miraculé »


La stèle des policiers morts pour la France au cimetière de La Seyne.

Mais un retournement de situation survient: « à 17h, un détachement de soldats allemands attaque la porte du commissariat à coups de crosses et lance une grenade à l’intérieur. Les policiers ripostent depuis le rez-de-chaussée; une autre grenade éclate au premier étage; quatre hommes dont trois policiers qui se trouvent au second étage continuent à se battre. Il s’agit des inspecteurs Xavier Franceschini et Jacques Brès, du gardien Maurice Marcoul, chef du réseau de la résistance, et de Charles Le Hir, un civil, chef FFI », relate l’officier.

Refusant d’admettre la défaite, les assaillants ne désarment pas: « Face à cette résistance, les Allemands mettent le feu au bâtiment; L’atmosphère devient irrespirable, l’inspecteur Franceschini s’approche de la fenêtre pour y chercher un peu d’air. Il est aussitôt abattu. L’incendie continuant sa progression, les trois survivants montent sur le toit de l’immeuble. Les Allemands déclenchent un tir violent vers eux. Contraints de se rendre, les trois hommes descendent au sol en s’accrochant à la gouttière. À terre, ils sont immédiatement alignés en vue de leur exécution sommaire. Un prêtre de l’institution Sainte-Marie intercède vainement en leur faveur et ne peut que leur apporter les derniers sacrements. »

Seul un civil échappera miraculeusement à la mort. « C’est alors qu’intervient une vive discussion entre deux officiers allemands. L’un d’eux tire vivement M. Le Hir par le bras au moment où le peloton d’exécution fait feu, abattant l’inspecteur Bres et le gardien Marcoul. M. Le Hir est fait prisonnier au fort Napoléon d’où il s’évadera la nuit suivante. »

Avec M. Le Hir, « comme MM. Taulaigo ou Rocchesani, le gardien de la paix Henri Ducher parvint à s’échapper par l’arrière du poste en s’aidant des descentes de gouttière et à gagner le parc des Maristes, mais il fut arrêté. Il s’évadera lui aussi », complète l’historien Jean-Claude Autran.

Les 27 et 28 août, l’armée de la libération était accueillie par de vibrantes acclamations sur l’avenue Gambetta.

Voir aussi: jcautran.free.fr; laseyneen1900.frLe programme des cérémonies aujourd’hui

Hommage aux policiers patriotes

• 18h30– Cérémonie en hommage aux policiers patriotes place Germain-Loro.

Défilé et cérémonie

• 18h – Exposition de véhicules militaire de collection place Martel-Esprit. • 19h – Rassemblement place Martel- Esprit et départ du cortège, quai Saturnin-Fabre. • 19h15– Cérémonie et dépôt de gerbes au monument aux morts, quai de la Marine.