Face à un marché immobilier saturé et une forte pression démographique, les équipes de la mairie ont pris une série de mesures depuis 2021 afin de limiter la prolifération des meublés touristiques. Analyse.
« Un cadenas sur un bien public n’a pas sa place : il est retiré », peut-on lire sur un récent tweet du maire Michaël Delafosse, au sujet des boîtes à clés utilisées par les propriétaires de logements loués sur Airbnb. Un message qui symbolise la politique de la mairie de Montpellier vis-à-vis des locations de meublés touristiques.
Au 1er août 2025, la ville de Montpellier comptait 6 233 meublés touristiques déclarés, sur 177 111 logements, soit 3,52 %. Face à un marché immobilier saturé et une forte pression démographique, les équipes de la mairie ont pris une série de mesures depuis 2021 pour limiter la prolifération de ce type de logements touristiques.
Éviter que le centre-ville ne devienne un musée
« L’objectif est d’encadrer et non de supprimer l’offre sur les plateformes de location. Afin que le centre-ville reste un endroit habitable, avec des prix accessibles pour les familles avec des enfants, les étudiants, et les seniors », explique Véronique Brunet, première adjointe au maire.
Depuis 2021, un règlement est par exemple venu encadrer les changements d’usage des locaux d’habitation, en fixant des conditions pour la délivrance des autorisations. Le but étant « d’assurer l’équilibre entre le logement et les activités économiques, et de contrôler l’essor des meublés de tourisme afin de ne pas aggraver le manque de logements ».
Depuis 2021, un règlement est venu encadrer les changements d’usage des locaux à usage d’habitation, en fixant des conditions pour la délivrance de ces autorisations.
Pour les personnes physiques, ce changement d’usage est possible dans la limite d’un seul logement par commune et par foyer fiscal, pour une durée de 3 ans reconductible une seule fois. Pour les personnes morales, l’autorisation doit être accompagnée d’une compensation. C’est-à-dire de la transformation d’un local non habitable, comme un commerce, en logement. Cette mesure permet de compenser la perte d’un logement par la création d’une nouvelle habitation.
« On a eu 40 % d’occupation, contre 80 % l’année dernière »
Dans le cadre des résidences principales – occupées au moins huit mois par an – il n’est pas nécessaire d’obtenir une autorisation mais la durée de location est limitée et l’enregistrement est obligatoire en mairie. Déjà plafonnée à 120 jours par an depuis 2021, la limitation va bientôt passer à 90 jours, quand la loi Le Meur votée en novembre 2024 à l’Assemblée nationale sera transposée à Montpellier après un vote municipal. À noter que ce quota ne concerne pas les résidences secondaires, ni les biens destinés à l’investissement locatif.
« Cette réglementation me semble assez juste. Parce qu’il est vrai qu’à l’époque des propriétaires pouvaient louer autant d’appartements en courte durée qu’ils voulaient. Ce qui créait des villes fantômes », explique un employé d’Haussmann Conciergerie, qui s’occupe de la mise en location de 23 biens à Montpellier.
Un avis que ne partage pas du tout le gérant d’une conciergerie locale : « Cette politique est totalement incohérente. On nous dit que le centre-ville est miné par les Airbnb alors qu’on n’a jamais eu aussi peu de touristes pour un mois de juillet. Cette année, notre conciergerie a eu 40 % d’occupation, contre 80 % l’année dernière. La mairie mine le développement touristique de la ville », peste celui qui loue 26 meublés touristiques.
Diminuer les nuisances sonores
Ces mesures qui visent à préserver l’équilibre des quartiers sont une réponse aux demandes des Montpelliérains d’après Véronique Brunet. « L’une des revendications des habitants historiques du centre-ville était la diminution des nuisances sonores. Le bruit des valises à roulette sur les pavés en continu, les arrivées nocturnes ou les fêtes intempestives jusqu’à pas d’heure : nous cherchons à éviter tout cela », revendique la première adjointe au maire.
La loi Le Meur, en plus de renforcer les conditions d’accès pour l’autorisation de changement d’usage, durcit les sanctions. En cas d’absence de changement d’usage, l’amende civile pourra aller jusqu’à 100 000 € par local irrégulièrement transformé, contre 50 000 € auparavant. Et en cas de dépassement du quota de jours de location des résidences principales, l’amende pourra atteindre 15 000 €, contre 10 000 € actuellement.
Reste à voir si ces sanctions auront un effet dissuasif.