Marseille est-elle la capitale du rap français ? Depuis les débuts du hip-hop en France, la question s’est toujours posée et continuera sans-doute de l’être pour encore des années, tant il apparaît difficile de parvenir à une réponse définitive. La cité phocéenne a, en tout cas, des atouts sérieux à faire valoir. Ces derniers temps, une nouvelle génération de rappeurs marseillais cartonne sur les réseaux sociaux. Portraits.
Depuis des mois, les vidéos d’internautes qui utilisent les morceaux de TK, Cocotier, Cartel de Ali ou encore Je Pense plus à toi se comptent par milliers sur TikTok. / Photo DR Alexandre Markezana
Le rappeur masqué est l’homme de l’été 2025 à Marseille. Il est celui que toutes les boîtes de nuit s’arrachent pour des showcases et dont les sons cumulent les millions d’écoutes. Début juillet, il était à l’affiche du festival Yardland, où il a ravi son public parisien. Puis, après avoir fait la première partie d’Alonzo au Vélodrome (ce n’est pas le seul de cette liste) le 19 juillet, TK était aussi le nom le plus attendu par le public du Vieux-Port, le 1er août dernier, lors de la soirée hommage aux Chroniques de Mars. Depuis des mois, les vidéos d’internautes qui utilisent ses morceaux Cocotier, Cartel de Ali ou encore Je Pense plus à toi se comptent par milliers sur TikTok. Le 28 juillet, son premier album Pas Ouehda, sorti en décembre 2020, a même été certifié disque d’or (50 000 équivalent ventes) grâce à ce regain de popularité. Pour régaler son public, d’avant et de maintenant, l’ancien protégé de Jul (une douzaine de featurings dont trois titres en duo) a annoncé avoir entamé les démarches pour un concert au Dôme courant 2026. Alors l’année prochaine sera-t-elle encore plus belle ?
Grâce à TikTok, Lebeey et sa chanson À la Wanegaine continuent de faire le buzz, neuf ans après. / PHOTO @plusaaa_
L’histoire de Lebeey, c’est celle d’un rappeur prometteur qui, en 2016, connaît un certain succès avec des morceaux comme À la Waneguaine et Tching Tchong. Le jeune marseillais originaire des Comores fait quelques apparitions sur Skyrock mais peine à surfer sur cette vague de popularité naissante. On le retrouve néanmoins sur des albums collectifs comme Le Classico Organisé ou V13. Mais depuis plus d’un an, sur TikTok, on ne compte plus les vidéos qui reprennent son tube À la Waneguaine. Avec des paroles crues, un refrain qui rentre en tête à la première écoute et des sonorités qui rappellent forcément le rap d’il y a dix ans, le son redevient viral et accumule les streams jusqu’à dépasser les 7 millions d’écoutes. Un retour en grâce qui l’a emmené jusqu’au concert d’Alonzo, en juin, au Vélodrome, comme première partie.
Avec Mucho Plata, Dexe tient l’un des hits de l’année à Marseille. / PHOTO DR
Quand un artiste perce avec une chanson, ce n’est jamais facile pour lui de suivre sur la même lancée. Pour Dexe, cette chanson c’est Mucho Plata. Sorti il y a un an, le son a rapidement envahi TikTok et comptabilise, aujourd’hui, plus de 13 millions d’écoutes. Un succès éclair qui a tapé dans l’œil des plus grands.
Le joueur du FC Barcelone Lamine Yamal, la nouvelle superstar Theodora… Et le Capo dei Capi Alonzo, qui l’a invité au Vélodrome pour sa première partie. Depuis le carton de Mucho Plata, Dexe a sorti trois singles : Dis-moi, Mourvement et Mapuka. La recette est ficelée : une rythmique rapide et dansante, un phrasé typiquement marseillais et des influences entre drill et musiques africaines. En mai, il posait un couplet sur Le Bara de Stavo, membre du groupe iconique 13 Block. Si ses dernières sorties n’ont pas provoqué le même raz-de-marée que son premier tube, il n’en reste pas moins l’un des talents les plus en vue de la scène rap locale.
Sur son titre Alicante, Gambino comptabilise plus de 82 millions d’écoutes. / PHOTO @plusaaa_
Le premier morceau de Gambino sur YouTube date d’il y a dix ans. Peu connu à l’époque, le rappeur phocéen s’est depuis fait un nom avec des hits comme Copacabana, Paqueta ou encore Salou. Sa marque de fabrique ? Des productions ensoleillées et une puissante voix auto-tunée. Résultat : des tubes parfaits pour l’été, qui donnent à n’importe quel groupe d’amis l’envie de faire la fête et de reprendre les paroles en criant et en dansant. À l’image d’Alicante, devenu un véritable hymne d’évasion. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont partagé cette musique en séjour dans la ville touristique espagnole. Sorti en 2019, le son continue toujours d’alimenter les comptes TikTok de milliers d’internautes, en France comme à l’étranger. Sur Spotify, il a été écouté plus de 82 millions de fois. C’est d’ailleurs Alicante que Gambino a choisi d’interpréter au Vélodrome d’Alonzo, en juin dernier, où il participait, lui aussi, à la première partie.
Missan, le rappeur du centre-ville est l’un des artistes les plus prometteurs de la nouvelle génération marseillaise. Franck Pennant
Le rappeur du centre-ville est l’un des artistes les plus prometteurs de la nouvelle génération marseillaise. Avec sa série de singles La survie et ses EP Le Don, Missan s’est imposé comme un kickeur de talent. Sa voix est grave, son écriture précise et imagée. Son rap, lui, est solidement ancré dans l’héritage marseillais, à l’image de sa reprise du titre Braquage Vocal d’Alonzo, pour le média Booska-P. Après des featurings avec Naps, Kofs, Saf, Metah, TK et Alonzo, Missan a aussi participé à l’album 13 Organisé 2, sur le titre Mental 13. Dans 00h03, Missan rappe la vie nocturne marseillaise et ses pérégrinations, entre délinquance et envie de richesse. De quoi inspirer les plus de 8 500 utilisateurs de TikTok qui ont mis en scène le son dans des vidéos amusantes.