Leticia Pérez et Thomas Guillin, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent à l’espace, aux lieux et aux individus qui l’habitent. Si la première y cherche son identité, le second s’emploie à documenter les territoires en mutation, avec une certaine marge de liberté.
Pour Leticia Pérez, « habiter ne signifie pas seulement occuper un lieu, mais construire une relation profonde avec lui et avec nous-mêmes ». Plus encore, notre environnement et le rapport qu’on entretient avec lui participeraient à la construction de notre être. Relier l’intime et le monde extérieur apparaît au cœur du travail de l’artiste, installée dans un petit village du nord de l’Espagne. Dotée d’une formation en architecture, elle explore avec poésie l’espace, le corps et la mémoire, qu’elle réunit par l’image. La photographie, chez elle, se fait tissage, point de rencontre entre ces éléments. Plus encore, elle permet à la plasticienne de révéler « les histoires et les émotions [que portent en eux] les gestes et les objets du quotidien », de doter d’une conscience l’inanimé comme le mécanique. Ces derniers, véhiculant récits et souvenirs, contribuent à un rapport de transmission, et même de filiation, comme le constate la photographe. En ce sens, ne peuvent-ils pas être considérés comme des composantes de notre personne ? C’est en tout cas ce que propose la jeune femme avec sa série Pórtico, dans laquelle elle revisite les archives et la mémoire du domicile familial. Par ce projet, l’artiste tente de « se reconstrui[re] à travers des espaces – physiques et métaphoriques – en explorant [s]on moi le plus intime et vulnérable afin d’apprendre à réellement [s]’habiter ». Ainsi chez Leticia Pérez, l’individualité devient maison, un paysage de lumière, d’arcades et de réminiscences.