Le chercheur français Laurent Vinatier est accusé d’espionnage contre la Russie, risquant une peine de 20 ans de prison. Il avait été précédemment condamné à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré comme « agent de l’étranger » sur le sol russe.
« Tout a changé maintenant ». Ce lundi 25 août, le chercheur français Laurent Vinatier, déjà condamné à trois ans de prison en Russie, a comparu devant un tribunal de Moscou pour des accusations d' »espionnage ».
« Jusqu’à hier, dans la presse, on avait prononcé le mot ‘espionnage’, mais ça n’avait pas été dit officiellement », témoigne la mère de l’accusé, Brigitte Vinatier, au micro de RTL. « Tout a changé maintenant ».
Ces nouvelles accusations laissent, en effet, présager une prolongation de sa peine, pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. Condamné en octobre 2024 à trois ans de prison, Moscou reprochait à Laurent Vinatier de ne pas s’être enregistré en tant qu' »agent de l’étranger » alors qu’il était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse chargé de médiation dans les conflits.
La famille de Laurent Vinatier ignore à ce stade l’issue de l’audience qui s’est déroulée lundi à huis clos, à Moscou. « Nous sommes inquiets depuis plus d’un an », confie Brigitte Vinatier qui dit avoir parlé à son fils pour la dernière fois le 22 mai. « On lui a apporté un téléphone dans sa cellule et il a pu nous appeler », raconte-t-elle à RTL.
Depuis, Laurent Vinatier entretient une correspondance épistolaire avec sa famille. « Nous avons des lettres qui viennent de plus en plus fréquemment, parfois une fois par semaine. Il ne nous dit pas qu’il est fatigué parce qu’il ne veut pas nous inquiéter. Il pense que nous le sommes déjà bien assez », poursuit Brigitte Vinatier.
Des conditions détentions « bonnes »
Concernant ses conditions de détention, elles sont plutôt « bonnes », estime sa mère. « Il est dans une cellule, tout seul. Depuis quinze jours, un autre détenu l’a rejoint. C’est une cellule confortable, il a un lit, un petit refrigérateur, donc on ne peut pas dire que ce sont des conditions difficile », soutient Brigitte Vinatier au micro de RTL.
Toutefois, l’accusé est « tenu absolument au secret ». Ce qui signifie qu’il a « l’interdiction de voir quiconque », explique-t-elle. « Les promenades dans la cour sont évidemment sans rencontre, et c’est ça qui est quand même très difficile ».
Selon Brigitte Vinatier, son fils a été transféré récemment à la prison moscovite de Lefortovo, notamment connue pour accueillir des détenus visés par des affaires à résonance politique.
« Un otage ou un prisonnier politique »
Laurent Vinatier est « de facto, un otage ou un prisonnier politique », affirme Brigitte Vinatier. « Nous étions un peu réticent pour le terme otage, maintenant je ne vois pas pourquoi on ne l’emploierait pas », accuse-t-elle.
Au détour d’un couloir dans les locaux de RTL, Brigitte Vinatier a eu l’occasion d’interpeller le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, invité de la matinale.
« Il nous a dit que tout serait fait et que le ministère des Affaires étrangères travaillait sur le cas de notre fils », détaille Brigitte Vinatier, qui affirme « avoir confiance ». « Maintenant, nous attendons qu’il y ait une véritable stratégie et une véritable discussion entre des personnes qui ont le pouvoir d’organiser un échange », clame-t-elle.
De son côté, Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l’assaut russe contre l’Ukraine lancé en 2022 et les sanctions qui ont suivi.
Selon Brigitte Vinatier, « l’enquête pour espionnage se poursuit » à Moscou. Laurent Vinatier devra rester en prison et être une nouvelle fois interrogé. Une date subsiste toutefois: celle du 27 novembre d’après ses informations, mais « on ne sait pas ce que ça veut dire ». « On attend avec espoir », conclut-elle.