Phare dans une rue sombre, humour décalé et effacé… Le Banksy de Marseille ne cesse de faire parler de lui. Malgré lui parfois, entre clin d’œil et réponse… Les nouveaux rebondissements montrent que le graff est vivant et évolutif… Alors faut-il le mettre sous protection pour le préserver ? Telle est la question.

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C’est l’histoire de l’art de la rue. Entre présence éphémère et pérennité souhaitée. Le célèbre Banksy a poché un phare, rue Frégier à Marseille, dans le 7e, avec une phrase énigmatique. « Je veux être ce que tu as vu en moi », en anglais (« I want to be what you saw in me »). L’artiste d’art urbain, mondialement connu, mais dont l’identité reste un mystère, a posté le cliché sur son compte Instagram. Banksy utilise l’ombre portée d’un potelet de rue pour faire commencer le phare. Cette œuvre attire les touristes, mais après sa dégradation seulement deux jours après son apparition. Le graff a été mis sous vitre pour être protégé.

Ensuite, une première réponse est apparue dans Marseille, puis une seconde, il y a quelques jours, avant de disparaître. Explications.

Le 29 mai, Banksy publie la photo du phare sur son compte Instagram, ce qui l’authentifie. « Je veux être ce que tu as vu en moi » a-t-il écrit en anglais « I want to be what you saw in me ». L’œuvre est repérée, Outre-Manche, les journaux en parlent, les touristes et locaux se pressent pour admirer ce nouveau Banksy.

Mais voilà que deux jours plus tard, le graff est agrémenté d’une touche personnelle et anonyme… ce qui agace les amateurs et une habitante n’hésite pas à aller elle-même » nettoyer » l’œuvre.

La police municipale va être mandatée pour assurer des rondes de surveillance avant que le graff ne soit tout simplement mis sous-verre pour assurer sa protection. 

« Just see me as the only one » (Regarde-moi comme la seule et l’unique), c’est la réponse en clin d’œil de Franck2Marseille au phare de l’énigmatique Banksy. Le 5 juin, Franck2Marseille a posté un cliché de l’œuvre qu’il a réalisé sur la corniche Kennedy, en réponse à la dernière de Banksy aux Catalans.

Dans le pur style du Britannique, l’artiste marseillais utilise la même technique que Banksy. À savoir partir de l’ombre portée d’un potelet de rue pour faire naître la fameuse coupe de la Ligue des champions remportée par l’OM 1993, en référence au sacre du PSG 32 ans après.

Une autre œuvre a été réalisée à côté de l’originale, et celle-ci est signée Banski.

L’artiste de street art, Tapas Nocturne s’interroge ironiquement : »Moi aussi, ils vont me protéger derrière une vitre ? » sur sa création. 

Sur les réseaux sociaux, il demande en référence à la protection installée sur l’originale : « Vous pensez que les bobos vont aussi le protéger derrière une vitre ? ».

La réponse est non… sa création a disparu…

Cet autre artiste anonyme questionne la valeur du street art et nous a fait parvenir ce message.

« Tous les jours, des gens prennent des risques et des amendes pour des peintures perçues comme du vandalisme, alors que d’autres se retrouvent protégés ».

Richard Campana est, lui aussi, street artiste et pionnier des fresques murales. Cet artiste reconnu à Marseille a contribué à la protection de l’œuvre de Banksy, mais selon lui, l’art de rue est destiné à rester éphémère.

« C’est pas pareil parce que ça vaut cher, donc la mairie a tenu à le protéger, mais moi ça ne me gêne absolument pas que qu’il y ait d’autres travaux ou à côté ou par-dessus puisqu’en fait, c’est le principe du street art ».

Pourtant, le street art est de plus en plus sacralisé. Le musée d’art de Toulon présente une exposition de Banksy avec d’autres street artistes jusqu’au 5 octobre prochain