Un homme casqué qui a peur du retour la peste en Europe.La peste continue de circuler en Californie, portée par des puces infectées vivant sur des rongeurs sauvages comme les rats ou les écureuils. © Adobe Stock

La peste. Le simple mot renvoie à l’une des plus grandes tragédies humaines : la peste noire du XIVᵉ siècle, qui a tué près de 25 millions de personnes en Europe, soit un tiers de la population d’alors, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Depuis, cette maladie provoquée par la bactérie Yersinia pestis reste gravée dans l’imaginaire collectif comme un fléau absolu.

Mais en 2025, faut-il vraiment craindre son retour ? La question se pose à nouveau après qu’un Californien a été testé positif à la peste bubonique cet été, probablement après une piqûre de puce infectée lors d’un séjour en camping. La nouvelle a fait le tour du monde, réveillant de vieilles peurs.

La peste : de quoi parle-t-on exactement ? La peste existe encore, mais elle est rare

Contrairement à ce que beaucoup pensent, la peste n’a jamais totalement disparu. Selon l’OMS, environ 200 à 500 cas humains sont recensés chaque année dans le monde, principalement en Afrique subsaharienne (République démocratique du Congo, Madagascar), mais aussi en Asie et en Amérique (États-Unis, Pérou).

En France, aucun cas humain n’a été signalé depuis plus d’un siècle. La dernière épidémie sur le territoire remonte au début du XXᵉ siècle à Marseille, lorsque la peste est arrivée par bateau. Depuis, le pays est considéré comme exempt de circulation active de la maladie selon Santé publique France.

Aux États-Unis, la bactérie circule encore dans certains rongeurs sauvages de l’Ouest, comme les écureuils ou les chiens de prairie. Entre 1970 et 2020, environ 500 cas humains ont été recensés dans le pays, soit moins de 10 par an en moyenne, selon le CDC (Centers for Disease Control and Prevention).

Les symptômes de la peste actuelle

La peste aujourd’hui peut se présenter sous trois formes principales :

  • Peste bubonique (la plus fréquente, ~80 % des cas) : fièvre brutale, maux de tête, grande fatigue, apparition de ganglions enflés et très douloureux appelés bubons, douleurs musculaires, nausées.
  • Peste septicémique : fièvre élevée, douleurs abdominales, vomissements, taches violacées sur la peau (purpura), risque de choc septique.
  • Peste pulmonaire (la plus grave et la plus contagieuse) : fièvre brutale, toux avec crachats sanglants, douleurs thoraciques, grande difficulté respiratoire, décès possible en 24 à 72 h sans traitement.

Les symptômes apparaissent généralement 2 à 6 jours après l’exposition.

Peste : faut-il s’attendre à un retour en Europe ?  Pourquoi ce n’est plus une menace mondiale

La différence majeure avec le Moyen Âge, c’est la médecine moderne. Aujourd’hui, la peste est parfaitement traitable par antibiotiques si elle est détectée rapidement. Selon l’OMS, le taux de mortalité chute à moins de 10 % avec une prise en charge rapide, contre plus de 70 % sans traitement.

Les systèmes de santé modernes permettent aussi une surveillance efficace. En France comme en Europe, les laboratoires de microbiologie et les services de veille sanitaire sont capables de détecter un cas suspect en quelques heures. La peste n’est plus une maladie hors de contrôle, c’est une maladie rare et maîtrisable rappellent les professionnels de santé.

Les risques d’un retour massif sont-ils réels ?

La grande crainte, notamment après la pandémie de Covid-19, est celle d’une résurgence épidémique mondiale. Mais les spécialistes se veulent rassurants :

  • La peste se transmet par piqûre de puce infectée ou, plus rarement, d’homme à homme par voie respiratoire (forme pulmonaire). Cette transmission reste limitée par rapport à des virus très contagieux comme la grippe ou le SARS-CoV-2.
  • Les foyers connus de peste font l’objet d’une surveillance régulière, notamment par l’OMS et les CDC.
  • Les cas sont isolés et ne débouchent quasiment jamais sur des épidémies dans les pays disposant d’un système de santé efficace.

En clair, aucun scénario réaliste ne permet d’imaginer un retour de la peste noire telle qu’au Moyen Âge.

Ce qu’il faut savoir pour se protéger

Même si le risque est infime en Europe, il existe quelques consignes de base pour les voyageurs dans les zones où la peste circule encore :

  • Éviter le contact avec les rongeurs sauvages et ne jamais manipuler d’animaux morts.
  • Protéger ses animaux de compagnie avec des traitements anti-puces adaptés.
  • Utiliser des répulsifs cutanés dans les zones rurales à risque (Madagascar, certaines régions américaines).
  • Consulter rapidement un médecin en cas de fièvre brutale et ganglions enflés après un séjour en zone endémique.

Alors, faut-il avoir peur ?

La réponse est non. La peste n’est pas un danger imminent pour la population française ou européenne. Elle reste une maladie rare, localisée, et désormais maîtrisable grâce aux antibiotiques et à la surveillance sanitaire.

Mais elle nous rappelle une vérité : les maladies infectieuses n’ont pas disparu. Comme l’a montré le Covid-19, la vigilance reste essentielle. La peste, elle, n’est plus le fléau de jadis, mais un témoignage vivant de l’importance de la santé publique mondiale.

À SAVOIR

Des souches de Yersinia pestis résistantes aux antibiotiques ont été identifiées ces dernières années, notamment en Asie et en Afrique. Certaines possèdent des plasmides porteurs de plusieurs gènes de résistance, rendant les traitements classiques moins efficaces (PubMed, 2022). Un phénomène rare mais surveillé de près par l’OMS et les chercheurs, car il pourrait compliquer la prise en charge dans certaines régions du globe.

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