En France et en Europe, les autorités n’ont pas encore réagi à la décision américaine, mais la surveillance est renforcée. © Adobe Stock

IXCHIQ, développé par Valneva, était présenté comme une avancée majeure. C’est le premier vaccin au monde homologué contre le virus du chikungunya, une maladie virale transmise par les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus (le fameux moustique tigre).

Le vaccin avait obtenu en novembre 2023 une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis, suivie de l’Europe et du Canada.

L’espoir était immense. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le chikungunya a déjà touché plus de 5 millions de personnes dans 115 pays depuis son émergence. Les cas progressent en Europe avec le réchauffement climatique.

Un vaccin pionnier stoppé net Pourquoi la FDA a suspendu le vaccin ?

Le 25 août, la Food and Drug Administration (FDA) a frappé un grand coup. La licence d’IXCHIQ est suspendue sur tout le territoire américain.

Cette décision s’appuie sur des signalements récents :

  • 21 hospitalisations après vaccination,
  • 3 décès, dont un lié à une encéphalite post-vaccinale,
  • plusieurs effets indésirables graves ressemblant aux symptômes du chikungunya lui-même (fièvres, douleurs articulaires invalidantes).

La FDA précise que ces événements sont survenus hors des États-Unis, mais qu’ils justifient une suspension immédiate, “par principe de précaution”.

Un revirement brutal après un feu vert partiel

Ironie de l’histoire, trois semaines plus tôt, le 6 août, la FDA avait justement levé une restriction concernant les plus de 60 ans, après une première vague d’alertes. Un étiquetage renforcé avait alors été imposé, mentionnant des risques neurologiques rares.

Cette volte-face soudaine fragilise la crédibilité des autorités sanitaires et alourdit la pression sur Valneva, déjà fragilisé par l’échec de son vaccin contre la Covid-19 en 2022.

Quels risques pour les patients vaccinés ?

Pour les personnes déjà vaccinées avec IXCHIQ, la FDA et le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) appellent à la vigilance :

  • surveiller toute fièvre persistante ou douleur articulaire intense,
  • consulter immédiatement en cas de symptômes neurologiques (confusion, convulsions, maux de tête sévères).

À ce jour, plusieurs centaines de milliers de doses avaient déjà été distribuées aux États-Unis depuis le lancement commercial en 2024. En Europe, l’Agence européenne des médicaments (EMA) n’a pas encore communiqué de nouvelle décision, mais la surveillance est renforcée. En juillet dernier, l’EMA avait jugé le rapport bénéfice-risque toujours favorable, y compris chez les seniors.

Et maintenant, quelles perspectives ?

Valneva a annoncé coopérer pleinement avec la FDA et poursuivre ses propres investigations cliniques. L’entreprise assure que le profil global de sécurité d’IXCHIQ reste “conforme aux données d’essais cliniques”, mais reconnaît que les signaux récents nécessitent des analyses approfondies (communiqué Valneva).

Le chikungunya, lui, continue de s’étendre, y compris en Europe, où le moustique tigre est désormais implanté dans 81 départements français selon Santé publique France. Chaque année, plusieurs centaines de cas autochtones sont signalés sur le territoire.

À SAVOIR

Selon un mémo de la FDA daté du 11 août 2025, basé sur des données communiquées par Valneva à la mi‑août, environ 22 904 doses d’IXCHIQ ont été estimées comme réellement administrées aux États‑Unis, avec 28 490 doses supplémentaires à l’international, soit un total mondial estimé à 53 394 doses effectivement utilisées.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé