Après avoir sillonné l’Hexagone, avec un florilège de chansons du spectacle musical Al Capone, Roberto Alagna revient avec Boulevard des Italiens. Un voyage coloré aux rythmes des mélodies traditionnelles et contemporaines qui ont nourri les inspirations du ténor d’origine sicilienne, telles que Abballati, Tu Vuo Fa l’Americano, O Sole Mio, Maruzzella, Parla Più Piano, Caruso et moult autres chansons napolitaines ou tarentelles endiablées. Dans un écrin purement acoustique, puisque Roberto Alagna sera accompagné à la guitare par son vieux complice Jean-Félix Lalanne, aux percussions, à la guitare et à la mandoline par Pascal Reva et enfin par Roland Romanelli, au clavier et à accordéon.
Un ambitieux hommage à Puccini des plus ambitieux
Une série de concerts qui intervient après une année déjà bien remplie, puisque Roberto Alagna, que nous avons joint au téléphone, a fait en mars dernier son retour sur la scène de la Salle Gaveau, à Paris, avec un programme des plus ambitieux, à l’occasion du centenaire de la mort de Puccini. En alignant la totalité des opéras du compositeur toscan, et en proposant au moins un extrait de chacun d’eux, depuis Le Villi jusqu’à Turandot. Une véritable prouesse pour un ténor ayant sur les épaules quarante ans de carrière! « Pour honorer la mémoire de Puccini, j’ai voulu présenter ce programme à différents endroits, au Japon, à la Scala, à Strasbourg, dans le village de Torre del Lago Puccini en Italie bien sûr, là où il avait sa maison sur le lac, et je vais le refaire encore une fois à Barcelone cette année », nous annonce-t-il. Et de rappeler: » On a chanté Tosca avec mon épouse, [la chanteuse soprano Aleksandra Kurzak, avec laquelle il vit en Pologne, ndlr] et on a fait aussi Vérone, deux fois, où on a chanté Aïda et Carmen, puisque c’était par ailleurs le 150e anniversaire de la création de Carmen. »
Autre temps fort pour Roberto Alagna au printemps dernier: ses retrouvailles avec l’opéra Bastille, avec Manon, de Jules Massenet: « J’ai retrouvé un rôle de jeunesse, celui des Chevaliers des Grieux, dans ce lieu où je me sens chez moi! Cela a été une belle année, avec des reprises intenses. À chaque fois je dis que je vais lever le pied, mais c’est de pire en pire », sourit-il.
Un disque autour de « Caruso » enregistré à Cagnes-sur-Mer
Car il est déjà attelé à un nouveau projet qui lui tient on ne peut plus à cœur: « J’ai passé trois semaines à composer, chose que je n’avais pas faite depuis des années, à créer une nouvelle pièce musicale, avec Jean-Félix Lalanne. Autour d’une histoire que j’ai imaginée et concoctée dans un avion, en revenant de Porto Rico, où j’avais chanté Othello avec mon épouse. Une histoire sur Caruso, une fiction basée sur des faits réels, autour de cette rivalité, mâtinée d’amour et de haine, entre Giulio Gatti-Casazza, le directeur du Metropolitan à l’époque, et cet inoubliable artiste. Dans la lignée de la fascination-répulsion de Salieri à l’égard de Mozart. On va bientôt enregistrer les voix au studio Marylin à Cagnes-sur-Mer. J’ai écrit toute l’histoire, je participe aux arrangements avec l’orchestre, on est tous les deux producteurs avec Jean-Félix Lalanne, et on a déjà des directeurs de théâtre preneurs du projet. » Quant aux musiques, elles seront enregistrées à Vienne, avec le Morphing Orchestra.
Toujours émerveillé, à 62 ans
Une réussite dont le ténor franco-sicilien, à 62 ans, demeure le premier surpris: « J’ai toujours considéré ma carrière comme un miracle. J’étais un enfant hyper timide, jamais je n’aurais pensé atteindre ce niveau-là, faire tout ce que j’ai fait! Je suis émerveillé, je ne suis pas quelqu’un de blasé. Quand la Scala me demande tel ou tel ouvrage dans deux ans, le Metropolitan un autre en 2028 ou en 29, je me dis, mais comment est-il possible qu’ils me fassent confiance? Je suis en auto-critique permanente, toujours en train de vouloir m’améliorer. » Tout en recherchant aussi, assure-t-il, une certaine simplicité, une proximité avec le public, avec lequel il n’aime rien tant qu’ « entrer en communion ». Et ce n’est certainement pas cet artiste solaire qui fera mentir Jean Cocteau, lorsqu’il affirmait: « Les Italiens sont des Français de bonne humeur. »
Boulevard des Italiens. Vendredi 29 août à Carqueiranne. Complet. Samedi 30 août à 20h30à Roquebrune-sur-Argens, le L.A.C. (Lac. Arena. Concerts) Gratuit. www.roquebrune.com Dimanche 31 août à 19h à Brignoles, jardin Suau. Gratuit, dans la limite des disponibilités. www.robertoalagna.com