Au sortir d’une épreuve judiciaire qui a débuté le 8 juillet devant le Landgericht d’Offenbourg et qui s’est tenue lors de journées d’audience étalées sur plusieurs semaines, la famille d’Elena Chaplin est traversée par « un sentiment mitigé ».

D’un côté, il y a le soulagement de voir la préméditation retenue et le meurtrier d’Elena condamné à la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité ; de l’autre, l’impression que « que ce procès a mis en lumière une série de dysfonctionnements, de manquements et de défaillances critiques de la part de plusieurs instances ».

Dans un communiqué lu en allemand puis en français après le verdict, les parents ont pointé ces « alertes ignorées » que leur fille avait émises, ces « signaux de détresse pas pris au sérieux ». Ute et Pierrick Chaplin ciblent pêle-mêle la police, les services de santé et les services sociaux, qui « ont échoué à protéger Elena ». Ils en appellent à une refonte de l’ensemble du système allemand, espérant que la mort de leur fille servira « d’électrochoc » afin d’épargner d’autres vies.

Condamné pour meurtre dans les Hauts-de-Seine en 2006

Mariée et mère d’un enfant – elle en attendait un autre –, très appréciée de ses collègues , la psychologue franco-allemande de 37 ans avait été tuée d’une trentaine de coups de couteau, le 11 février 2025, alors qu’elle sortait de son cabinet à Offenbourg. Son agresseur, un quadragénaire qui possède la double nationalité allemande et française, avait été interpellé dès le lendemain.

Charles Knodel avait déjà été condamné pour meurtre par le passé. En 2006, la cour d’assises des Hauts-de-Seine lui avait infligé une peine de quinze ans de réclusion pour avoir abattu son voisin à coups de carabine, deux ans plus tôt, dans une résidence cossue de Saint-Cloud où il vivait avec ses parents.

Après sa sortie de prison, Charles Knodel s’était établi dans l’Ortenau. Souffrant de troubles psychiatriques, il avait multiplié les séjours en clinique spécialisée et en foyer. C’est à cette époque qu’il avait rencontré Elena Chaplin qui était devenue sa thérapeute. La jeune femme l’avait jugé dangereux et avait suggéré son transfert dans un service fermé, en vain.

Un mystérieux complot contre lui

L’homme avait par la suite trouvé un appartement à Offenbourg. Aux travailleurs sociaux qui le suivaient, il avait avoué qu’il nourrissait des fantasmes mortifères à l’endroit de son ancienne psychothérapeute, qu’il tenait pour responsable de ses problèmes mentaux : il soupçonnait la jeune femme de l’avoir hypnotisé à son insu et d’avoir participé à un complot dont il aurait été victime durant son incarcération en France.

Durant son procès, l’accusé de 43 ans est resté le plus souvent silencieux , refusant de s’expliquer sur les raisons de son passage à l’acte. D’après nos confrères de la Badische Zeitung qui ont couvert l’intégralité des audiences, il aurait même demandé à son avocat de ne poser aucune question aux différents témoins venus déposer à la barre.