Par
Cédric Nithard
Publié le
26 août 2025 à 20h00
À l’occasion des commémorations du 81e anniversaire de la libération de Montpellier, Michaël Delafosse a annoncé poursuivre le travail de mémoire engagé afin de réparer les oubliés de l’Histoire : des résistants aux déportés juifs, en passant par les geôles de la caserne de Lauwe jusqu’à Jean Moulin. Un regard sur le passé pour éclairer le présent à l’instar de l’arbre planté prochainement en la mémoire d’Ilan Halimi, « première victime de l’antisémitisme au XXIe siècle ».
Rénovation des geôles de la caserne de Lauwe
Un travail de mémoire important a déjà été opéré à l’occasion des préparations des commémorations du 80e anniversaire de la Libération de Montpellier en faisant apparaître sur une stèle dans le parc René Dumont les noms des victimes civiles des bombardements de la ville au moment de la libération ou des résistants à travers des dénominations de rue ou place. « Nous nous sommes attachés à faire en sorte que rien ne soit oublié » explique Michaël Delafosse à l’instar de Laure Moulin, « qui n’était pas que la soeur de Jean Moulin, c’était aussi une figure de la résistance ». Des traces laissées complétées par deux recueils (étude héraultaise et bulletin de la Ville) retraçant les événements et apportant des témoignages.
Un travail qui devrait encore se poursuivre dans les mois à venir. L’année dernière, le conseil municipal avait acté la rénovation des geôles de la caserne de Lauwe, dont les inscriptions laissées sur les murs par les victimes de la milice commençaient à disparaître. Michaël Delafosse a annoncé ce jour que les appels d’offre avaient été lancés pour permettre très prochainement le début des travaux de réhabilitation. 240 000€ seront apportés par la Ville de Montpellier et 70 000€ par le ministère des Armées.
« La caserne de Lauwe nous rappelle que la liberté fut conquise dans la douleur, l’incertitude et le sacrifice. C’est une part importante du patrimoine de Montpellier. Ces pierres sont le support de notre mémoire collective, locale et individuelle. Il était absolument nécessaire de les préserver » a complété Patricia Mirallès, qui a fait le déplacement dans sa ville natale pour ces commémorations. L’objectif étant de faire découvrir le lieu et son histoire prioritairement aux élèves des écoles, collèges et lycées. « C’est une belle jeunesse que nous avons en France et que nous ne disons pas assez » soutient la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants de France.
Une stèle et un arbre contre l’antisémitisme
Sur l’esplanade Charles de Gaulle, à côté du monument aux morts, « là où Georges Frêche a ramené de la terre d’Auschwitz », une stèle sera dévoilée d’ici novembre portant le nom des Montpelliérains et Montpelliéraines d’origine ou de confession juive exterminés dans les camps de la mort. « Pour la première fois, nous avons les noms » explique Michaël Delafosse. Le maire regrettant en aparté qu’aucun travail universitaire ou autre ne permette de faire de même pour la communauté tsigane, victime également des déportations, dont on célèbre à Montpellier depuis 2023 la mémoire de ce génocide le 8 avril à l’occasion de la Journée internationale du peuple Tsigane.
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Par ailleurs, « à l’heure où ce vieux démon européen ressurgit de manière effroyable depuis les événements du 7 octobre et malheureusement que ce siècle est apparu », Michaël Delafosse répond favorablement à l’appel du président d’honneur de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), l’avocat Alain Jakubowicz. Après qu’un arbre planté à Épinay-sur-Seine en la mémoire d’Ilan Halimi, enlevé et torturé à mort en 2006 par le gang des barbares, fut tronçonné dans la nuit du 13 au 14 août dernier, ce dernier avait demandé à tous les maires de France de planter un arbre avec la mention « En mémoire d’Ilan Halimi (1982-2006), victime de l’antisémitisme. » Celui-ci sera planté derrière la mairie, dans le parc d’Arménie, à côté de la stèle rappelant la rafle du Vel d’Hiv.
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140 pavés et Jean Moulin
Actuellement en pleine transformation, la place des Martyrs de la résistance, dont le nom laverait le déshonneur d’avoir accueilli une rencontre entre Pétain et Franco le 13 février 1941, accueillera 140 pavés portant le nom des résistants et résistantes montpelliérains et montpelliéraines qui n’ont pas encore été honorés dans la ville. « Il y aura 130 noms car un jour une boîte à chaussures, des souvenirs, des témoignages ressurgiront et conduiront à compléter les noms » précise le maire. Une installation qui sera dévoilée en présence de leurs descendants, le 18 novembre, quelques jours avant l’inauguration de la place (26 novembre).
Enfin, la Ville a obtenu l’autorisation de l’ONAC (office national des anciens combattants et victimes de guerre) de pouvoir inscrire le nom de Jean Moulin sur le monument aux morts. Au-delà de la célèbre photo prise aux Arceaux, c’est à la fac de droit qu’il a étudié, à la préfecture il a débuté ses fonctions dans la haute-administration et à Montpellier, dernier lieu de résidence, qu’il a oeuvré avec sa soeur au sein de la résistance. « Ainsi nous aurons achevé notre travail de commémoration mais notre travail devra être encore plus grand car si nous avons grandi dans la paix en écoutant les témoignages des résistants et des déportés, le temps fait son oeuvre » pointe Michaël Delafosse. « Notre rôle est de veiller à ce que la flamme de la résistance vive de génération en génération pour faire en sorte que nos sociétés continuent à se développer et à progresser en ayant des repères qui ne sont pas pesant mais éclairant. »
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