La narration s’élance par sauts ‒ ceux d’un lièvre en fuite dans une prairie. Le Grand Fleuve Amour est un roman fascinant, écrit par une poétesse. Cela se voit dans le découpage de ses 105 chapitres brefs, dans leurs méandres qui passent d’un lieu et d’une époque à l’autre. Dans sa manière de juxtaposer, comme dans un collage, matières et sensations.

Un homme et une femme s’aiment entre les Etats-Unis, l’Amérique latine et un paysage qui ressemble aux Grisons. Radu, réalisateur de documentaires, recense des tigres de Sibérie sur les rives du fleuve Amour, frontière de la Chine et de la Russie. Olga dessine les orchidées qu’elle observe en Equateur. Elle vit avec un chat, son «Petit Tigre», à l’orée d’une prairie, dans les Alpes suisses. Elle arpente également les rues de New York. Le fleuve Amour continue de couler, pourtant l’amour s’est tari. Radu ne revient plus dans la maison à l’orée de la prairie. Olga est traversée par l’écho de cet amour perdu.