LE MATCH DES TUBES (37 / 40) – Dans « Comme un garçon » et « Sans contrefaçon », les deux artistes jouent sur les codes et l’ambiguïté entre féminin et masculin.
La question du genre est devenue d’actualité. En 1985, Indochine, groupe adulé des jeunes, lance une ode au « 3e sexe », ces « filles au masculin » et ces « garçons au féminin ». Mais la grande Sylvie Vartan avait tout anticipé dès 1967 avec « Comme un garçon ». Vingt ans plus tard, Mylène Farmer continue de forger sa légende avec « Sans contrefaçon ». Voici donc un duel tout désigné.
Reine des yé-yé aux côtés de Sheila, Sylvie Vartan a souvent adapté des titres étrangers pour bâtir sa notoriété. En 1967, Jean-Jacques Debout et Roger Dumas lui composent un très beau titre à la fois drôle, impertinent et romantique. Tout commence par des sifflements avant que Vartan ne se lance. « Comme un garçon j’ai les cheveux longs. Comme un garçon je porte un blouson. Un médaillon, un gros ceinturon. Comme un garçon. » Dans cette société pré-68, cette insolence annonce ce qui va se passer : liberté sexuelle, vestimentaire et émancipation féminine. C’est une affirmation, presque un manifeste. « Comme un garçon moi j’ai ma moto. Comme un garçon je fais du rodéo. C’est la terreur à 200 à l’heure. » Avant de redevenir une amoureuse tendre et vulnérable quand elle est dans les bras de son prince charmant. « Oh tu fais ce que tu veux de moi. » Pas très féministe. Le morceau, bien orchestré, est festif et intemporel.
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Chanson indémodable
Mylène Farmer est un phénomène. Contrairement à Indochine, elle ne suit pas les modes, elle les déclenche puis les accompagne. Après un premier album explosif (« Libertine », « Maman a tort »), l’artiste revient en 1987 avec un single qui va tout bouleverser : « Sans contrefaçon ». Le rythme est effréné, le refrain entêtant, le texte ambigu et intrigant. Souvent prise pour un garçon, et intriguée par « Comme un garçon », l’artiste évoque, avant l’heure, sa non-binarité. « Tout seul dans mon placard les yeux cernés de noir à l’abri des regards, je défie le hasard. » Elle décrit les interrogations, les remarques, les moqueries. « Tour à tour on me chasse de vos fréquentations […] Je me fous bien des qu’en dira-t-on, je suis caméléon. » La mélodie est à la fois mystique, euphorique et inquiétante. Du grand Laurent Boutonnat. Le morceau, accompagné d’un clip génial, est un triomphe. Il connaîtra un second souffle en 1994 avec le film « Pédale Douce » où le titre est diffusé en début de long métrage avec un Patrick Timsit au sommet de sa forme.
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Deux façons d’évoquer le genre et les ambiguïtés féminines et masculines, mais un seul vainqueur. Nous aimons beaucoup Sylvie Vartan et son « Comme un garçon », mais il est un peu désuet aujourd’hui. Tandis que l’affirmation farouche de Mylène Farmer et sa mélodie entraînante n’ont pas pris une ride. Sans contrefaçon, c’est vraiment canon !