Un bébé qui suit le régime carnivore babies et ne mange que de la viande.Comme ce bébé, certains nourrissons sont nourris uniquement avec de la viande. On les appelle les « carnivore babies ».  © Adobe Stock

Depuis quelques semaines, une nouvelle tendance fait le buzz sur les réseaux sociaux : les « carnivore babies ». Le phénomène a émergé aux États-Unis, où des parents partagent sur les réseaux sociaux des vidéos de leurs nourrissons nourris exclusivement de viande et de produits d’origine animale, tels que des œufs crus, des abats ou des bouillons.

Certains parents vantent les bienfaits de ce régime, le qualifiant de « santé optimale » et affirmant que leurs enfants sont plus robustes, moins malades et plus éveillés.

Cependant, cette mode suscite l’inquiétude des pédiatres, qui rappellent l’importance d’une alimentation équilibrée et diversifiée pour le bon développement des nourrissons.

Qu’est-ce que le régime « carnivore babies » ?

Le régime « carnivore babies » consiste à nourrir un nourrisson exclusivement avec des produits d’origine animale.

  • Aliments consommés : viande rouge, abats, graisse de bœuf, œufs crus, parfois même steak tartare.
  • Aliments exclus : fruits, légumes, céréales, légumineuses.

Certains parents vantent les vertus « miraculeuses » de ce régime, affirmant que leurs enfants sont plus résistants aux infections et plus éveillés.

Mais ces affirmations ne reposent sur aucune donnée scientifique fiable. En réalité, le corps d’un nourrisson a besoin d’un apport équilibré en protéines, glucides, fibres, vitamines et minéraux. L’absence de fruits, légumes et céréales prive l’enfant de nutriments essentiels pour sa croissance, son développement cérébral et son immunité.

Les recommandations des pédiatres

En France, les autorités de santé et les pédiatres s’accordent sur un point : l’alimentation des nourrissons doit être progressive, variée et adaptée à leur âge.

  • 0 à 6 mois : le lait maternel ou infantile est l’aliment exclusif.
  • 4 à 6 mois : introduction progressive d’aliments solides, sous forme de purées de légumes, compotes de fruits et céréales infantiles.
  • 6 mois et plus : petites quantités de protéines animales bien cuites, comme de la viande, du poisson ou des œufs, à raison de 10 g par jour.
  • Matières grasses : huiles de colza ou d’olive, beurre cru, pour le développement cérébral.
  • Féculents et légumineuses : indispensables pour fournir énergie, fibres et nutriments essentiels.

Ces recommandations sont appuyées par Santé publique France et l’étude Epifane, qui montre que 91 % des enfants français commencent la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. 

Une tendance qui peut virer au drame  Les risques d’un régime exclusivement carnivore

Suivre un régime 100 % viande expose les bébés à de multiples dangers :

  • Surcharge de protéines : un excès de protéines peut solliciter excessivement les reins des nourrissons, entraînant des risques de déshydratation et de troubles rénaux.
  • Carences nutritionnelles : l’absence de légumes, fruits et céréales prive l’enfant de nutriments essentiels tels que les vitamines C et A, les fibres, les acides gras essentiels et les minéraux comme le calcium et le fer.
  • Troubles digestifs : une alimentation riche en protéines animales et pauvre en fibres peut provoquer des constipations sévères et perturber le microbiote intestinal, essentiel à l’immunité.
  • Risques infectieux : la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite expose les nourrissons à des infections bactériennes, telles que la salmonellose ou la listériose.

Ces risques sont confirmés par les pédiatres, qui soulignent l’importance d’une alimentation variée et équilibrée pour assurer une croissance saine et harmonieuse des nourrissons.

L’impact sur le microbiote intestinal

Le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans le développement du système immunitaire et la prévention de certaines maladies. Une alimentation exclusivement carnée, pauvre en fibres et en prébiotiques, perturbe cet équilibre, augmentant le risque de maladies inflammatoires et d’allergies. 

Les pédiatres insistent sur l’importance d’une diversification alimentaire pour favoriser la colonisation du microbiote par une flore bactérienne bénéfique.

À SAVOIR

Même après le début de la diversification alimentaire, le lait maternel ou infantile doit rester l’aliment principal jusqu’à au moins 12 mois. Il fournit des protéines, des lipides et des nutriments essentiels, tout en renforçant le système immunitaire du nourrisson. La supplémentation en vitamine D est également recommandée pour tous les bébés, en particulier ceux qui sont partiellement ou totalement allaités.

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