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Alors que les négociations entre Kiev et Moscou stagnent, Donald Trump a surpris en évoquant l’implication possible de la Chine dans le processus de paix en Ukraine.
Alors que les pourparlers entre Kiev et Moscou patinent, une déclaration de Donald Trump a jeté le trouble. Le président américain a annoncé, le lundi 26 août, que la Chine pourrait être associée à un futur processus de paix entre l’Ukraine et la Russie. « Nous allons inclure la Chine« , a-t-il déclaré lorsqu’il évoquait un point de sa dernière conversation avec Vladimir Poutine.
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L’annonce de Trump a surpris, d’autant plus qu’elle semble émaner, en réalité, de son interlocuteur russe. « C’est Vladimir Poutine qui lui a soufflé l’idée », estime Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre. Selon lui, ce n’est pas la première fois que la Chine est évoquée dans ce rôle : « Le fait qu’on appelle la Chine à contribuer à une force de garantie de la paix, c’est parce qu’elle a déjà pris part à ce type de dispositif ailleurs dans le monde. »
La Chine, un soutien indéfectible à la Russie
La déclaration de Donald Trump soulève de nombreuses interrogations, alors que Pékin n’a jamais condamné l’invasion russe, et que l’idée d’une force de maintien de la paix chinoise sur le sol ukrainien paraît pour le moins fragile.
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« Si la Chine était restée totalement neutre dans le conflit, ou si elle avait condamné l’invasion russe, l’attitude ukrainienne serait différente », tranche Guillaume Ancel. Or, Pékin a soutenu Moscou de manière indirecte, en achetant massivement son pétrole et en mettant des composants chinois dans les munitions russes. « Elle ne peut pas être une garantie de sécurité neutre : elle n’est pas neutre. »
Côté ukrainien, l’idée d’un rôle de Pékin dans une future force d’interposition ne passe pas. La réponse de Kiev a été rapide : la Chine n’est pas un acteur acceptable dans un dispositif de maintien de la paix. Guillaume Ancel y voit une manœuvre claire de Moscou : « Il s’agit pour les Russes de proposer des garants à leur main, pour bloquer toute présence occidentale sur le terrain. »
Si Kiev rejette catégoriquement la Chine comme médiateur, d’autres pays sont envisagés pour former une éventuelle force de sécurité. Guillaume Ancel cite par exemple l’Indonésie, engagée dans plusieurs opérations de l’ONU. Mais une question centrale reste en suspens : quel serait le rôle exact de cette force ? Observer, protéger, ou dissuader militairement ?
« Elle reprendrait l’avantage »
« Si c’est juste pour constater que la guerre reprend, les satellites suffisent », note Guillaume Ancel. Seule une force crédible, capable de combattre si nécessaire, pourrait changer la donne. Il évoque l’idée d’une coalition de volontaires — France, Allemagne, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande — soit environ 50 000 soldats. Un renfort assez massif pour dissuader Moscou de relancer une offensive, et montrer que l’Ukraine n’est plus seule.
Dans ce scénario, le rapport de force pourrait basculer. La Russie aligne actuellement environ 500 000 hommes sur le front. Renforcer le camp ukrainien de 50 000 soldats aguerris représenterait un gain stratégique majeur. « L’armée ukrainienne est à peu près à parité. Avec ce renfort, elle reprendrait l’avantage », affirme Guillaume Ancel. En posture défensive, ce surcroît de troupes pourrait suffire à stopper une nouvelle avancée russe — voire à la repousser.
Ce que Moscou redoute, ce n’est pas la paix, mais une paix défavorable. « Les Russes bloquent toute idée de force européenne, car ils savent qu’elle les empêcherait de revenir en Ukraine », conclut Guillaume Ancel.