Les combinaisons enfilées et les chapeaux précautionneusement zippés, les membres de l’association Aristée [nom tiré d’un dieu grec associé à l’apiculture, ndlr] observent avec attention l’état de santé de leurs colonies d’abeilles, en plein travail.

Au 74 de l’avenue Philippe-Rochat, depuis la route, rien ne laisse présager que, derrière le grillage et les haies, sont installées une dizaine de ruches. Une activité qui se profile sur ce terrain, depuis trois ans déjà, dans le cadre d’une convention passée entre la mairie et l’organisme apicole. Ce dernier réunit trente personnes dans la cité des remparts et plus de 130, éparpillés entre le Var et les Alpes-Maritimes. L’une de ses spécialités: le développement de ruchers écoles. Une activité renouvelée pour trois ans et déjà proposée à Pégomas par cette même association antiboise.

Entourés par les acacias, les abris de nos petites productrices de miel contiennent entre 30.000 et 60.000 habitants. Qui peuvent, à leur tour, produire jusqu’à 100kg du doux nectar, selon les nombreux facteurs qui entrent en jeu. Le lieu idéal pour se réunir autour de l’apiculture, mais aussi mieux se sensibiliser à l’environnement, la biodiversité et les pollinisateurs.

Des professionnels et des amateurs réunis

Chaque mois, les passionnés – en majorité, des apiculteurs amateurs – se rejoignent pour apprendre à prendre soin des ruches, de l’initiation pure au perfectionnement. « En saison, quand les abeilles volent, l’activité est sur site et, en hiver, pendant qu’elles sont en hibernation, ça se passe en intérieur, avec de la théorie. On a aussi des pratiques comme les récoltes, l’extraction du miel, la mise en pot. On suit toute la vie de la communauté « , développe le président, Cyrille Gaudin.

En parallèle, elle propose des formations, apporte des conseils à ses adhérents, incluant « la recherche et le traitement des maladies apicoles « . Une nécessité pour Cyrille Gaudin, car « le manque de formation tue les abeilles. Dans l’apiculture loisir, il n’y a pas d’explications en amont. On est là pour transmettre et éviter les erreurs « . Deux animateurs, Alexandre et Élisabeth, aiguillent les motivés.

Adopter les bons gestes

Un atelier plus que jamais essentiel, à l’heure où la sécheresse et le climat sec impactent les populations d’insectes. « On a des dérèglements climatiques très importants. Et nous, apiculteurs, on est tout de suite informés. Les abeilles sont les sentinelles, mais c’est l’apiculteur qui retranscrit leurs messages. Quand nos ruches sont sèches, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de nectar, c’est signe qu’il n’y a pas de ressources. »

Des petites bêtes pas si bêtes, puisque leur cycle s’accorde aux floraisons et à la nature. « Ce n’est pas la même façon d’exercer à Antibes par exemple, que moi qui anime un rucher école dans le Var. Là-bas, on a de vrais hivers, les températures peuvent être basses. C’est une apiculture différente. « 

Les membres ne manquent jamais de pédagogie pour essayer de faire adopter les petits gestes pour mieux protéger son environnement. Comme installer des hôtels à insectes ou planter des végétaux mellifères [plantes produisant des bonnes quantités de nectar et de pollen, ndlr]. Ou encore, éviter de tondre sa pelouse trop tôt, ou ne pas couper les ronces. Ces dernières sont une ressource « phénoménale », en plus de faire office de médicament pour les maux des abeilles.

D’où l’importance de prêter attention aux variétés de plantes dans un jardin. « Plus on a de plantes différentes, plus l’écosystème se porte bien « , développe Antoine Abrieux, entomologiste et membre de l’association. Grand danger, ces dernières années: le frelon asiatique, prédateur volant discrètement près des pièges installés, ici et là, pour les neutraliser.

Et pourquoi pas des ruchers partagés?

Pour la suite, l’association ne manque pas d’idées. En plus de quelques manifestations, comme la Fête du miel et du terroir à St-Julien-le-Montagnier (Var), la sensibilisation en entreprise, ou leur participation au forum des associations de Pégomas, Aristée aimerait développer les ruchers partagés. « S’il y a de la demande « , précise le directeur de l’association. Certaines communes ont déjà opté pour cette idée. « C’est un endroit où les gens peuvent mettre leurs ruches, s’ils habitent en immeuble ou en appartement par exemple. »

Les yeux rivés vers l’avenir, l’association espère continuer de partager son savoir, pour permettre à d’autres générations d’observer, au gré d’une balade ou d’une session jardinage, les abeilles butiner.

Association Aristée. 50 euros par an pour le rucher école. Plus d’informations sur www.aristee.xyz