Une année pour explorer l’art de « faire avec ». C’est un geste simple, presque universel : assembler des morceaux, des rebuts, des fragments du quotidien pour leur donner une nouvelle vie. Avec l’exposition Assemblages. Prendre soin des choses, Les Abattoirs de Toulouse invitent le public à redécouvrir ce geste ancestral devenu une pratique artistique majeure.
L’assemblage est la combinaison d’objets ou d’éléments détournés, parfois même de rebuts, le plus souvent issus de la vie quotidienne », rappelle le musée toulousain.
L’exposition s’inscrit dans le cadre du programme Gestes. Arts et savoir-faire en Occitanie (2025-2027), qui explore le lien entre l’art, l’artisanat et la transmission des pratiques. Une manière de réinterroger notre rapport aux choses, à leur usage et à leur durée de vie, à l’heure où la réparation et la réutilisation reprennent toute leur place.
Une trentaine d’artistes seront exposés sur la durée de l’exposition, dont Gérard Deschamps, peintre et plasticien français appartenant au mouvement du Nouveau Réalisme. Gérard Deschamps, « Peinture sans peinture ». © photo : Cathy Christiaen – Ville de Dunkerque
De Picasso à aujourd’hui : une histoire sans frontières
Si l’assemblage a trouvé ses pionniers au début du XXe siècle (Pablo Picasso, Georges Braque, Louise Nevelson ou encore les dadaïstes) l’exposition souligne la continuité de ce geste à travers le temps.
Dans leur sillage, de nombreux artistes se sont à leur tour emparés de l’assemblage, comme du reflet de l’évolution de notre rapport aux objets, entre réaction au développement de la société de consommation et soin des choses où s’incarnent les histoires et les mythes », présente le site des Abattoirs.
Le parcours fait dialoguer les figures historiques du Nouveau Réalisme comme Gérard Deschamps, César ou Mimmo Rotella, et les créateurs contemporains tels que Diego Bianchi, Kenia Almaraz Murillo ou Floryan Varennes. Aux côtés de ces grands noms, les savoir-faire traditionnels (marqueterie, boro japonais ou tapis de lirette) viennent rappeler que l’art n’est jamais loin de l’artisanat.
Floryan Varennes, « L’assemblée », 2021, muselières, tubes médicaux, pvc médical, attaches en inox, rivets, anneaux triangulaires, clochettes, chardons [Carduus nutans]. © droits réservés ; photo : Phoebe Meyer
Quand les objets racontent des mondes
Chaque assemblage raconte une histoire singulière.
La nature des matériaux récupérés (bâches, tissus, sacs, outils, restes animaux, archives papier ou vidéo et vestiges en tous genres), leurs modes de prélèvement et d’assemblage (cousus, collés, cloués, rapiécés) sont des ingrédients spécifiques à chaque artiste ».
Ces œuvres bricolées, fragiles et puissantes à la fois, transcendent leur matière d’origine pour peupler « des mondes inventés ». Le visiteur est invité à entrer dans ces univers hétéroclites, où l’art dialogue avec la mémoire, les mythes, mais aussi avec des préoccupations contemporaines : écologie, consommation, rapport à la matière.
Marion Baruch, « Superart », 1988, chariot modifié, 177,5 x 90 x 48 cm. © Marion Baruch © Galerie Anne-Sarah Bénichou
Le programme « Gestes » : une ode au faire
L’exposition s’inscrit dans un projet plus large, déployé entre 2025 et 2027, qui interroge le rôle du geste dans la création artistique.
Bien plus qu’une mise en mouvement de la main, qu’une force motrice derrière les créations, le geste est une mise en mouvement du monde et de l’histoire, de l’être et de la matière. »
De William Morris, fondateur du mouvement Arts & Craft, aux créateurs d’aujourd’hui, il s’agit de réconcilier « artiste, artisan et paysan ». Tisser, tresser, carder, filer, assembler : autant de gestes qui relient tradition et innovation, mémoire et invention.
Ce programme prend vie grâce à des partenariats régionaux, de la vannerie dans le Gers au verre soufflé dans les Hautes-Pyrénées, en passant par le feutre dans le Lot. Une manière de « célébrer la créativité et la performativité du geste » et d’esquisser de « nouveaux esthétiques et contre-modèles de production ».
Une exposition-manifeste
Assemblages. Prendre soin des choses n’est pas seulement une exposition d’art contemporain. C’est un manifeste en faveur d’un rapport renouvelé aux objets, aux matériaux, à nos environnements. Dans ce syncrétisme d’œuvres, le visiteur retrouve une évidence : la nécessité de repenser notre manière de faire monde.
Les œuvres trouvent une résonnance particulière là où se pose avec évidence la question de notre rapport aux choses, et le besoin d’aller vers une relation à elles plus sensible amenant à leur conservation, leur réparation et leur réutilisation. »
>> Infos pratiques :
L’exposition Assemblages. Prendre soin des choses aura lieu du 26 septembre 2025 au 27 septembre 2026.
Les Abattoirs accueillent les visiteurs du mercredi au dimanche, de 12 heures à 18 heures.
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