Sous le choc des droits de douane américains, les marchés financiers craignent désormais les conséquences de ces mesures ainsi que les répliques. Le CAC 40 est donc en net retrait ce jeudi, comme l’ensemble des Bourses mondiales.
La tendance du marché
La Bourse de Paris est forcément sous le choc ce jeudi après les annonces de Donald Trump. Les Bourses asiatiques se sont repliées ce matin à l’image du Nikkei (- 2,77%) ou encore du Hang Seng (- 1,6%). Après une ouverture en territoire négatif, le CAC 40 est parvenu à résister afin de se maintenir au-dessus des 7 700 points. Pourtant, en fin de matinée, le principal indice de la place boursière française a progressivement glissé tout au long de la séance.
Les différentes déclarations de part et d’autre ont donc inquiété les marchés financiers. Les principaux secteurs exposés au marché américain se sont fortement repliés comme le luxe, l’automobile ou encore les valeurs technologiques. L’ouverture en forte baisse de Wall Street n’a pas arrangé la situation de l’indice parisien.
À la clôture des marchés européens, toutes les Bourses du Vieux continent enregistrent de fortes baisses. Les investisseurs ont décidé de privilégier les obligations d’États. Aux États-Unis, le taux sur dix ans est passé de 4,21% avant les annonces de Trump à 4,04% à 17h30 tandis qu’en France, il a glissé de 3,42% à 3,37% entre hier et aujourd’hui.
Du côté des indices en France et dans le monde
Le fait du jour
Avec la nouvelle donne du commerce internationale proposée par Donald Trump, les marchés financiers semblent déboussolés. Dans sa note matinale, John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud, affirme que «le 2 avril 2025 entre dans l’histoire comme le jour où le commerce mondial a basculé». Après la clôture de Wall Street, le président américain a enfin dévoilé l’ampleur de son offensive douanière vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. Le «jour de la libération», comme ce mercredi était surnommé par le milliardaire de 78 ans, est censé amener un nouvel «âge d’or» pour les États-Unis selon lui.
En effet, Donald Trump a fixé un plancher minimum de 10% de droits de douane supplémentaires, mais certains sont davantage touchés : 20% pour l’Union européenne, 24% pour le Japon, 31% pour la Suisse, 34% pour la Chine ou encore 50% pour le Lesotho. Ce virage protectionniste ramène la première puissance mondiale à des taxes douanières du début du XXe siècle. Les réactions sont donc très disparates entre ceux qui menacent de répliquer et les pays qui placent tous leurs espoirs dans des négociations.
Ursula von der Leyen présidente de la Commission européenne, a assuré qu’il n’est «pas trop tard» pour des négociations, mais que les 27 étaient «prêts à réagir» si nécessaire. Dans une interview, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement français, a évoqué «d’attaquer les services numériques» américains. Cette réplique qui pourrait pénaliser les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est «sur la table» d’après la chancellerie allemande.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron a reçu des représentants des filières exportatrices à l’Élysée en fin d’après-midi. Le président français a affirmé que «l’économie américaine et les Américains […] sortiront plus faibles qu’hier, et plus pauvres». Sur son réseau Truth Social, Donald Trump se félicite de son offensive qui rendrait le pays «plus fort, plus grand, meilleur, et plus résilient que jamais».
Les valeurs en vue
Le Top
Danone est en tête du CAC 40 lors de cette séance avec une hausse de 3,64%, à 72,98 euros. Le groupe agroalimentaire n’est pas forcément inquiété par les droits de douane américains. La société française profite notamment d’une nouvelle recommandation d’analystes.
UBS a réaffirmé son opinion «d’achat» avec un objectif de cours maintenu à 78 euros. Le courtier suisse anticipe une croissance des ventes de 3,8% au premier trimestre pour le 4e groupe mondial de transformation de produits laitiers. Des résultats qui seraient supérieurs à ceux de ses concurrents sur la même période. Depuis le 1er janvier, Danone gagne plus de 11%.
Le Flop
Stellantis fait partie des plus importantes baisses du CAC 40 lors de cette séance avec un recul de 8,12%, à 9,37 euros. Dans un communiqué publié ce jeudi, le constructeur franco-italo-américain a annoncé la fermeture temporaire pour deux semaines de son usine Chrysler au Canada.
Le groupe automobile, issu de la fusion de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler, envisage également des «pauses» de production dans ses usines mexicaines : «Les mesures immédiates que nous devons prendre comprennent l’arrêt temporaire de la production dans certaines de nos usines d’assemblage canadiennes et mexicaines, ce qui aura une incidence sur plusieurs de nos installations américaines de production de moteurs et d’emboutissage qui soutiennent ces opérations», indique la société.
Le 5e constructeur mondial prend cette décision alors que les 25% de droits de douane américains supplémentaires sur l’automobile sont entrés en vigueur ce jeudi. En effet, Stellantis produit ses véhicules au Canada et au Mexique avant de les importer aux États-Unis. D’après une étude de la banque américaine Stifel en février dernier, le constructeur automobile pourrait être exposé à environ 16 milliards d’euros aux nouvelles taxes douanières.
La citation du jour
« Toute exploitation commerciale est à ce jour impossible pour 30 magasins regroupant près de 680 salariés. »
Dans un communiqué, les Mousquetaires (le groupe d’Intermarché) ont annoncé ce jeudi qu’il envisageait de fermer 30 magasins rachetés à Casino, ce qui impacterait 680 salariés. Le numéro trois de la distribution en France met en avant un «équilibre financier inatteignable» malgré «la pleine mobilisation du groupement depuis des mois».
L’agenda du 4 avril
Pour la dernière séance de la semaine, les marchés financiers s’intéresseront aux premiers chiffres du chômage au mois de mars, que ce soit aux États-Unis, au Canada ou en Suisse. En France, les investisseurs surveilleront l’indice de la production industrielle ou encore les défaillances d’entreprises en février.
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