Pour la 13e édition des rencontres Énergie-Climat, le think tank, et organisateur, e5t anime des conférences sur le thème : « combiner intelligence artificielle (IA) et leadership pour accélérer la transition énergétique et agro-climatique ». Les discussions auront lieu les 27 et 28 août à La Rochelle.
À cette occasion, chercheurs, avocats, responsables politiques et sportifs sont conviés à partager leur point de vue. Ancien rugbyman de haut niveau et engagé depuis plus de dix ans en faveur de l’environnement, Julien Pierre a été invité à partager sa vision du lien entre dépassement de soi, engagement écologique et attractivité territoriale.
Les clubs sportifs génèrent beaucoup de déchets. Julien Pierre pousse notamment les clubs à mieux les trier en les incitant à s’équiper de composteurs.
« Sud Ouest »
Aujourd’hui président de Fair Play For Planet, le premier label français éco-responsable dédié au sport, il œuvre à promouvoir des pratiques sportives durables. Ce label est attribué à l’issue d’un audit reposant sur cinq critères : la gestion des déchets, la gestion de l’énergie et de l’eau, la mobilité durable, la préservation de la biodiversité et la sensibilisation du public. Valable pendant deux ans, il a pour objectif de récompenser et accompagner les structures et événements sportifs qui s’engagent concrètement pour la protection de l’environnement.
D’où vous vient cet engagement pour le climat ?
J’ai été sensibilisé très jeune à ces questions. Ma famille porte une attention particulière à la protection de la biodiversité. Elle gère un zoo en Vendée. Quand j’étais encore joueur, je trouvais que le sport était engagé sur les enjeux sociaux mais pas assez sur le changement climatique. Alors, en 2013, j’ai fondé Play for Nature. Une fondation qui œuvre à la protection des espèces menacées et de leurs écosystèmes. À ma retraite, j’ai décidé d’aller plus loin et de créer le label Fair Play For Planet.
Que vous a apporté votre carrière de joueur de rugby pour ce projet ?
Forcément j’ai joui de ma notoriété et de mon engagement de longue date pour crédibiliser mon projet. Je suis mon propre ambassadeur et, dans un sens, le premier sportif labellisé. Le haut niveau m’a également permis d’acquérir une force de résilience et une capacité de remise en question permanente qui m’ont été très utiles.
Depuis mars 2025, vous êtes élu à la Ligue nationale de rugby. Quels sont vos engagements pour ce mandat ?
Je vais essayer d’insuffler mes idées et de faire avancer les sujets environnementaux, mais c’est encore trop tôt pour réellement m’exprimer.
Julien Pierre a joué en équipe de France (27 sélections) et a évolué, entre 1998 et 2003, au Stade Rochelais.
FRANCK FIFE/AFP
Quels sont les intérêts pour une structure sportive d’être labellisée Fair Play For Planet ?
L’existence du label incite les structures à se poser les bonnes questions et à engager des démarches allant dans le sens de la transition écologique. Certains clubs, comme le CA Brive, ont même constaté que l’annonce de leur labellisation figurait parmi les rares publications sur les réseaux sociaux à ne susciter aucun commentaire ou retour négatif des supporteurs. Sans être un indicateur fiable, cette expérience constitue un symbole fort. Par ailleurs, le label contribue à renforcer la visibilité et la réputation des structures. Chaque année, le média “L’Équipe” publie le classement Fair Play For Planet, offrant une vitrine supplémentaire aux clubs et événements engagés. Enfin, l’obtention du label peut également devenir un atout stratégique, certains appels d’offres, subventions ou partenariats économiques étant parfois conditionnés à cette certification.
Qu’avez-vous aidé à mettre en place dans les clubs ?
Au Stade Rochelais, ils ont mis en place des parkings à vélos pour les supporteurs. L’Olympique Lyonnais a maintenant des jardins pédagogiques pour apprendre à respecter la biodiversité. Et dernier exemple, au Havre, ils ont remplacé les bouteilles en plastique pour les sportifs par des fontaines à eau et des gourdes. Cela représente une économie d’environ 35 000 bouteilles.
De nombreux clubs du Top 14 sont labellisés. Par exemple la Section Paloise, qui est pourtant largement soutenue par Total Énergie. Comment l’expliquez-vous ?
Nous récompensons les engagements de la Section Paloise et non les actions de Total Énergies. L’entreprise peut même être motrice de changements vertueux en faveur de la mobilité douce et du développement d’énergie verte du club. Si on arrête de toucher tout ce qui a été créé ou transformé par l’industrie pétrochimique on ne va pas faire grande chose.
Julien Pierre a aussi fondé Play for Nature en 2013.
Julien Pierre
Julien Pierre, le rugbyman engagé
Avec ses 27 sélections dans le XV de France, Julien Pierre a gagné le Grand Chelem de 2010 et participé à la finale de la Coupe du monde de 2011. Entre 1998 et 2018, il a joué deuxième ligne au Stade Rochelais, au CS Bourgoin-Jallieu, à la Section Paloise et à l’ASM Clermont avec qui il a été champion de France en 2010.
En parallèle de sa carrière sportive, Julien Pierre s’est toujours engagé pour l’environnement. Il est le président du fonds de dotation Play for Nature créé en 2013. En novembre 2020, il a lancé son projet Fair Play For Planet.