La municipalité abandonne le transfert des occupants d’un camp sauvage aménagé depuis 2010 au lieu-dit du Moulin des Marais, dans le quartier de Doulon.
Une fois n’est pas coutume, l’annonce d’un sursis au bénéfice d’un bidonville a ravi la droite locale. La mairie de Nantes (Loire-Atlantique) a annoncé, mardi 26 août, l’abrogation de la procédure d’expulsion de la soixantaine d’habitants d’un camp rom située en bordure de l’agglomération, ainsi que l’annulation d’un discret projet de transfert de ces personnes sur un «terrain transitoire de repli». Soit un déplacement forcé de population qui avait fait bondir les riverains du futur site temporaire.
Le projet de la mairie prévoyait le transfert des occupants d’un camp sauvage aménagé depuis 2010 au lieu-dit du Moulin des Marais, dans le quartier de Doulon, vers un terrain humide voisin situé au chemin des Petites rues. À la mobilisation rapide des riverains, soutenus par les élus de l’opposition de droite, s’est ajoutée l’indignation des familles roms du bidonville. Celles-ci venaient, le 24 août, d’assigner la ville devant la justice pour contester une première ordonnance d’expulsion émise en juin, et dont elles n’avaient eu vent qu’en juillet.
Une décision «empreinte de bon sens»
Réunissant les riverains opposés à l’installation du camp transitoire, le collectif Quartier Doulon s’est satisfait de la décision municipale «enfin empreinte de bon sens» et attend désormais qu’un document formel confirme la volte-face de la mairie. «Le collectif dont la confiance a été réellement échaudée par ces trois semaines de tension restera attentif à la suite des événements», précisent les habitants dans un communiqué.
Nous déplorons tout de même que les concertations n’aient pas été réalisées en amont, et avec plus de transparence
Philippe Barbo, président de l’association Roata
«Bravo aux habitants de Doulon qui ont su stopper le projet d’implantation d’un immense camp de Roms au cœur du quartier», s’est réjoui l’élu d’opposition Foulques Chombart de Lauwe, candidat à la primaire des Républicains (LR) qui désignera le candidat de la droite à Nantes. «Il s’agit d’une victoire collective face à une manœuvre qui n’était acceptable ni par les riverains, ni par les populations Roms concernées», a également réagi Julien Bainvel, également élu d’opposition et candidat à la primaire LR nantaise.
L’épilogue de cette affaire a également porté satisfaction aux habitants du bidonville concerné. «Nous déplorons tout de même que les concertations n’aient pas été réalisées en amont, et avec plus de transparence», commente mercredi matin Philippe Barbo, de l’association Roata, qui accompagne plusieurs familles roms au sein de la collectivité. Opposé au projet d’écoquartier en cours à Doulon, qui implique le déplacement des populations roms et l’artificialisation de terrains humides, le collectif Sauvons les Gohards a aussi pris acte de la décision municipale. «Bien sûr, le combat continue : la mairie cherche un autre terrain où déplacer les familles. Les élus naviguent à vue pour tenter de rattraper des décisions absurdes», a fait savoir le collectif.
Une nouvelle solution de relogement sera proposée aux habitants du bidonville à une date ultérieure, la mairie de Nantes poursuivant son engagement en faveur de la résorption des bidonvilles. Quelque soixante camps irréguliers entourent aujourd’hui l’agglomération nantaise. Le plus important bidonville de France métropolitaine se trouve aux portes de la cité des ducs, sur le site dit de la Prairie de Mauves, et concentre entre 700 et 1000 habitants. Un projet de démantèlement chiffré à 80 millions d’euros est en cours de préparation et, d’ici 2031, un «pôle d’écologie urbaine» devrait éclore en lieu et place des habitats précaires.