Dans un monde où l’économie se contracte et tangue au gré des soubresauts politiques et géopolitiques, les bonnes nouvelles sont rares. L’une d’elles nous vient du sud de Rennes, ce mercredi 27 août. Lors d’une réunion extraordinaire du comité économique et social (CSE) organisée en fin de matinée, la direction de l’usine automobile Stellantis de la Janais, à Chartres-de-Bretagne (35), a annoncé avoir reçu le feu vert de l’état-major du groupe pour lancer la production en série du nouveau SUV C5 Aircross de Citroën. Un « accord de montée en cadence », dans le jargon industriel, qui s’accompagne de l’autorisation de livrer les concessions automobiles partout dans le pays. « Un premier camion est parti vendredi dernier », confie une source salariée.
Salariés « prêtés »
Pour être au rendez-vous et passer d’une centaine de véhicules fabriqués aujourd’hui à 400 par jour à terme, le site de la Janais va reconstituer une deuxième équipe de production, lui qui tournait avec une équipe et demie depuis fin mars. Pour ce faire, 200 personnes supplémentaires seront mobilisées à compter d’octobre, dont 70 nouveaux intérimaires embauchés pour l’occasion. Le reste des postes sera occupé par des effectifs jusqu’ici affectés à l’arrivée du nouveau C5 Aircross sur les chaînes et par des salariés « prêtés » par d’autres usines de Stellantis.
« C’est une très bonne nouvelle pour l’usine. Cela montre que nous sommes dans une bonne dynamique. Le lancement du nouveau véhicule se prépare conformément au calendrier, sans retard », se félicite une source proche de la direction. Selon elle, la deuxième équipe au complet devrait être opérationnelle à compter du 13 octobre. Mais « si tous les recrutements et les formations sont faits avant, on ne s’interdit pas de commencer à partir du 6 ».
Attention aux conditions de travail
Côté syndicats, la satisfaction est de mise. « C’est une reconnaissance de la qualité du travail des salariés et de leur engagement », estime Didier Picard, délégué syndical CFE-CGC. À la CFTC, David Ruellan évoque quant à lui « une très bonne nouvelle. C’est très positif, quand on voit que d’autres sites du groupe n’ont pas de perspective sur leur avenir… »
Pour autant, les syndicats ne versent pas dans l’euphorie et demandent des recrutements en CDI pour pallier les départs des dernières années et renouveler les générations. À la CFDT (premier syndicat du site), la déléguée syndicale, Christine Virassamy, « attend également une amélioration des conditions de travail pour accompagner le lancement du véhicule ». Le retour de la deuxième équipe « ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt en termes de condition de travail car le sous-effectif latent met en tension les managers », abonde Didier Picard.
À ce stade, Stellantis ne ferme pas la porte à un renforcement de ses effectifs et à des embauches en CDI. Car l’usine de la Janais, qui emploie aujourd’hui environ 1 660 salariés (intérimaires compris), peut encore monter en puissance la nuit ou travailler les week-ends. Mais tout dépendra du succès commercial du nouveau C5 Aircross. Le pari n’est pas gagné d’avance, sur un marché de l’automobile en berne depuis de nombreux mois.