Par

Solène Lavenu

Publié le

26 août 2025 à 10h28

« 348 Ukrainiens vivent encore aujourd’hui dans la Manche », indique la préfecture. 348 qui bénéficient d’une autorisation provisoire de séjour (APS) délivrée au titre de la protection temporaire. Cette autorisation, renouvelée tous les 6 mois, les autorise à travailler. Pour autant, les conditions de vie sont souvent encore difficiles.

D’abord, parce que leur pays leur manque. Tous ont perdu leurs repères, leurs proches, leurs métiers. Ils doivent tout réécrire. Et ce n’est pas simple, d’autant que beaucoup ne parlaient pas la langue quand ils ont franchi précipitamment la frontière.

« Depuis trois ans, nous voyons beaucoup d’Ukrainiens venir chercher des denrées aux Restos du Cœur de Cherbourg, commentent Christian et Marie, deux bénévoles. C’est fou les progrès qu’ils ont faits en français, nous tenons aujourd’hui des conversations. »

Ils font vraiment le maximum pour s’intégrer et ne veulent qu’une chose : travailler. Les plus jeunes, eux, sont aujourd’hui bilingues. Je crois qu’ils envisagent davantage une vie ici que les plus anciens, qui veulent tous repartir dès que la situation le permettra.

Cristian et Marie, deux bénévoles

Beaucoup veulent repartir en Ukraine

Mais l’envie et le courage ne font pas tout. Julia pourrait en être l’exemple. Âgée d’une quarantaine d’années, elle irradie ceux qui la croisent.

« Je lui ai appris le français quand elle est arrivée à Granville, raconte Anne-Marie. C’est une femme extraordinaire. Dès les premiers cours, elle voulait surtout apprendre les us et coutumes de notre pays pour ne pas commettre d’impair. Elle ne s’est jamais plainte de sa condition, pourtant, elle est passée par des moments tellement difficiles. Au bout d’un an, par exemple, alors qu’elle prenait ses marques, elle a été déplacée de Granville à Cherbourg. Même là, elle remerciait la France et disait c’est comme ça !, raconte-t-elle, les larmes aux yeux.

« C’est la joie de vivre au quotidien », acquiesce Laurent. Ils se fréquentent depuis deux mois. Julia trouve alors peu à peu de nouveaux repères. Elle parle de mieux en mieux, cherche activement du travail. « Je crois qu’elle va rester dans notre pays », suggère Anne-Marie.

Yeva, elle, ne l’envisage pas. Elle est arrivée à Cherbourg depuis trois ans, mais si le sourire est aussi dessiné sur ses lèvres, elle avoue que la vie ici est « comme ci, comme ça ». D’abord logée au Siou, à Siouville, elle habite aujourd’hui dans un petit appartement. Avec son mari, ils recherchent activement du travail.

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« Mon mari a travaillé un peu à LM Wind Power mais cela s’est terminé, et moi, je passe mon diplôme de français pour trouver plus facilement. » Eux espèrent retourner très vite en Ukraine, mais pour le moment, la situation est inenvisageable.

Nous avons notre fils de 11 ans et nous devons penser à sa sécurité. Alors bien sûr, nous espérons la paix, mais la réalité montre totalement autre chose, et les bombardements sont encore quasi quotidiens. 

Yeva et son mari

Des Ukrainiens encore logés à l’hôtel

« La grande majorité est, cependant, encore aujourd’hui sous le régime des APS. Certains ont fait une demande d’asile et ont obtenu la protection subsidiaire, mais ils sont encore minoritaires à faire cette démarche », confirme la préfecture.

348 Ukrainiens

725 Ukrainiens sont venus dans la Manche depuis 2022. 377 sont aujourd’hui sortis du dispositif de suivi : retour en Ukraine, déménagement de la Manche, obtention d’un titre de séjour au titre du droit commun… Il reste donc à ce jour 348 Ukrainiens (hors mineurs) dans le département, qui bénéficient d’une autorisation provisoire de séjour (APS).

Toujours selon les chiffres de la préfecture, si 55 % d’entre eux disposent aujourd’hui d’un logement durable (bail dans le parc social ou privé), environ 25 % sont toujours hébergés par des particuliers (accueil citoyen ou chez des proches).

Alors que pour les autres, 70 environ, ils sont toujours hébergés dans des solutions collectives publiques : structures d’hébergement, foyers de jeunes travailleurs, hôtels…

« Il y a aussi, et heureusement, des belles histoires, sourient Christian et Marie. Victoria, par exemple, a un fils qui vient d’obtenir son bac. Il part, en septembre, passer un BTS à Caen. »

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