Sur les campus américains, une simple fausse alerte suffit désormais à déclencher la panique et l’intervention massive de la police. 

À l’université de Caroline du Sud, des étudiants ont fait face à un débarquement soudain de la police sur leur campus. Les forces de l’ordre pensaient qu’une fusillade était en cours. L’alerte, totalement infondée, s’inscrivait dans une inquiétante série de fausses alertes. Ce phénomène, appelé « swatting » prend de plus en plus d’ampleur récemment. 

Le terme « swatting » vient du nom des unités d’intervention d’urgence américaines, les SWAT. Ce mot décrit un appel aux services d’urgence pour signaler un faux accident grave, comme une fusillade.

Ces dernières semaines, plusieurs établissements prestigieux ont été visés. Villanova en Pennsylvanie, l’université du Tennessee, Chattanooga… le plus récent est l’université de la Caroline du Sud, où deux fausses alertes ont semé la zizanie. Dans ce dernier cas, deux étudiants ont été blessés en fuyant précipitamment la bibliothèque. Un troisième étudiant de cette université a été faussement accusé d’être le tireur après le partage d’images sur les réseaux sociaux le montrant avec un parapluie, ressemblant à une arme à feu.

Un climat anxiogène sur le campus

Dans un pays marqué par les fusillades à répétition, chaque alerte est prise très au sérieux. « Cela joue avec nos nerfs, car de tels événements tragiques se produisent réellement » par ailleurs, explique John DeCarlo, professeur de droit pénal à l’université de New Haven. « Un seul appel peut déclencher des confinements, des mobilisations, des fermetures de bâtiments et une importante couverture médiatique« , relève-t-il.

Les conséquences vont bien au-delà d’un simple canular. Cet événement entraîne des évacuations massives et des déploiements policiers coûteux. Selon le FBI, qui a mis en place en 2023 une base de données recensant ces incidents, des milliers de signalements ont déjà été enregistrés. L’agence dénonce une pratique qui « épuise les ressources des forces de l’ordre, coûte des milliers de dollars et, surtout, met en danger des personnes innocentes ».

Le « swatting » est source de traumatisme pour les étudiants. De plus, il risque de désensibiliser les Américains aux alertes, dans un pays où les fusillades sont fréquentes, estiment des experts.

Une nouvelle forme de « terrorisme intérieur »

Keven Hendricks, spécialiste en cybercriminalité, estime que ces appels proviennent souvent de jeunes liés à des groupes extrémistes ou animés par des idéologies radicales. « En réalité, il s’agit d’une forme de terrorisme intérieur », facilité par le fait que « nous n’avons pas les moyens de mener des enquêtes ni des poursuites efficaces », regrette John DeCarlo.
 
Les universités sont « particulièrement vulnérables » au « swatting » en raison de leur visibilité, souligne le professeur de droit pénal. Plusieurs d’entre elles, dont Harvard, Columbia et l’Université de Californie, ont été ciblées par Donald Trump ces derniers mois, qui les a accusées de wokisme ou de soutien à la cause palestinienne. Des experts ont appelé à un renforcement de la législation et à investir dans des technologies permettant d’identifier les auteurs qui dissimulent leur voix ou leur adresse IP.

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