Un proche qui s’éteint peu à peu, sans éclat, sans énergie.
Derrière ce changement qui peut sembler banal, les
neurologues alertent : l’apathie pourrait être un signe
précoce de démence. Souvent confondue avec une simple baisse de
moral ou de la dépression, cette perte d’intérêt pour les activités
quotidiennes cache parfois un déclin cognitif silencieux.
En France, plus d’un million de personnes vivent avec une forme
de démence, qu’il s’agisse de la maladie
d’Alzheimer ou de
démences frontotemporales. Si la mémoire est
généralement au cœur des inquiétudes, ce trouble discret,
caractérisé par
une absence de motivation et un retrait social progressif,
s’impose comme l’un des symptômes les plus révélateurs, selon
plusieurs spécialistes américains.
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L’apathie
touche jusqu’à 60 % des patients atteints de la maladie
d’Alzheimer.
L’apathie : un signal d’alerte méconnu mais préoccupant
Selon le Dr Adel Aziz, spécialiste de la
mémoire au JFK University Medical Center, « De
nombreux changements cognitifs précoces, tels que le ralentissement
de la vitesse de traitement d’une information ou les difficultés de
compréhension, sont souvent considérés comme une conséquence du
vieillissement naturel plutôt que comme des indicateurs de la
démence« . Il alerte aussi : « l’apathie, ou la
perte de la pensée et du comportement orientés vers un but, est
l’un des premiers signes de certains types de démence, en
particulier la démence frontotemporale, mais elle est fréquemment
négligée parce qu’elle ne se manifeste pas par une détresse
active ».
Concrètement, cela peut se manifester lorsque quelqu’un cesse
progressivement de planifier des sorties ou d’appeler ses proches,
alors qu’il en avait l’habitude. « Une personne qui avait
l’habitude de planifier des sorties ou de se sociabiliser par le
biais du téléphone peut tout simplement cesser de le faire
progressivement », explique le neurologue. Ce
comportement peut apparaître comme une simple
fatigue ou une phase de repli, mais il doit éveiller les
soupçons s’il s’installe dans la durée.
Le Dr Daniel Lesley, de la plateforme Remo Health, explique :
« L’apathie peut être associée à un déclin plus rapide
des fonctions, car elle réduit la capacité de la personne à
s’adapter et à faire face à la diminution de ses
fonctions ». Il précise également que « l’apathie
fait disparaître certaines des situations qui tendent à favoriser
la santé cognitive : les activités sociales, l’exercice, les
activités cognitives telles que la lecture, une alimentation
adéquate et un sommeil de qualité ».
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L’apathie, un symptôme souvent négligé qui pourrait annoncer une
démence
Comment différencier apathie et
dépression ?
Face à un proche qui semble s’éteindre doucement, la
confusion avec un épisode
dépressif est fréquente. D’après Cosmopolitan, la
neurologue katherine Amodeo, membre du New York Medical College,
explique qu' »On peut avoir l’impression que la personne se
désintéresse de son sort ou qu’elle est déprimée, alors que ce
n’est pas le cas » Or, poser un diagnostic juste est essentiel
pour une prise en charge adaptée. « Ce n’est pas parce qu’une
personne paraît apathique qu’elle est nécessairement atteinte de
démence ou même qu’elle présente un risque de démence »,
insiste-t-elle.
Pour y voir plus clair, d’autres symptômes doivent être
surveillés. « Des changements d’humeur ou de personnalité, des
troubles des fonctions cognitives, notamment de la mémoire, du
langage, de l’attention, de la concentration, des problèmes de
sommeil, mais aussi des hallucinations ou des délires peuvent
indiquer un début de démence », précise la neurologue.
L’apathie seule ne suffit donc pas à tirer la
sonnette d’alarme. Mais associée à ces signes, elle doit pousser à
consulter. Car plus un trouble cognitif est
détecté tôt, plus il est possible de ralentir son évolution et de
préserver la qualité de vie de la personne concernée.