La 22e édition de la Rentrée littéraire du Cap-Ferret s’est déroulée de jeudi à samedi dernier. L’organisation a été reprise par la municipalité de Lège-Cap-Ferret en 2024, mais son fondateur Patrick Hourquebie a conservé la direction de l’événement, avec sa fidèle collaboratrice Philippine Cruse. Il dresse un bilan de cette 22e rentrée : trois jours en public place du Mimbeau autour de nouveaux romans, de titres déjà connus, et de thèmes finalement très variés. Philippe Besson en était le président d’honneur, l’un des 16 auteurs présents.
Sud Ouest – Vous êtes satisfait de la fréquentation de cette Rentrée littéraire ?
Patrick Hourquebie – On était complet pratiquement tous les soirs, et le samedi, il y avait des spectateurs debout. Le programme a attiré du monde. On a voulu présenter les nouveaux romans de la rentrée comme d’habitude, mais on en a profité aussi pour revenir sur des ouvrages qui paraissaient intéressants compte tenu de l’actualité et des personnalités présentes comme Philippe Besson. Cela fait vingt-deux ans que l’on existe et le bouche-à-oreille fonctionne dans le monde de l’édition. Nous n’avons pas de mal à convaincre les auteurs de venir et certains sont d’ailleurs revenus cette année.
Quels ont été les moments forts ?
Il y en a eu beaucoup. Les femmes ont été brillantes. Adélaïde de Clermont-Tonnerre a fait revivre à sa façon la figure de Milady du grand roman d’Alexandre Dumas, de l’avis de beaucoup un livre qui devrait être primé. Céline Servais-Picord a proposé un roman insolant et amusant sur la mode du développement personnel. Sylvie Kaufmann, avec « Les aveuglés », a subjugué le public par la finesse de son analyse, sa simplicité et son parler franc en décortiquant les réactions de la France et de l’Allemagne face à Poutine.
Les conflits de ce monde ont semblé être un fil rouge. Vous aviez même un auteur autour de Gaza, ce qui aurait pu être polémique…
Rachid Benzine a fait un petit roman fable sur Gaza, sujet éminemment épineux et complexe. Il a su mettre en évidence le côté humain de ce qui se passe avec cette histoire d’un libraire qui résiste par les livres sous les bombes. Il a parlé de Gaza sans entrer dans la polémique, avec beaucoup de finesse. Comme il l’a dit, « la littérature est le dernier refuge de la liberté ». Le public a apprécié.
Et puis Pierre Hurmic, un maire écologiste de gauche au Cap-Ferret…
On a effectivement abordé aussi les sujets de société, comme les nouvelles technologies, également l’écologie avec le maire de Bordeaux et « L’Affaire Savignac ». Les gens ont découvert l’homme qui se cache derrière le politique, différent de ce que l’on peut en penser, et notamment sa critique de l’écologie punitive. Le livre a été présenté par Philippe Besson. Cette rencontre a été très appréciée d’un public qui n’était pourtant pas acquis au maire de Bordeaux.
Patrick Hourquebie et l’adjoint à la Culture Alain Bordeloup lors de la présentation de la Rentrée littéraire.
Yannick Delneste