Le vote du PLUi-C a suscité 26 voix contre au conseil métropolitain. Comment interprétez-vous ce résultat ?
Le PLUi-C résulte d’abord d’un travail collectif de dix ans avec les 31 maires de la Métropole et enrichi par une large concertation, dont l’enquête publique menée par 11 commissaires enquêteurs. Le vote du 16 juillet, avec 70% de votes favorables au conseil métropolitain et 27 maires en soutien, reflète un consensus solide, malgré des divergences naturelles. Les 26 voix contre sont hétérogènes : 17 proviennent de l’opposition montpelliéraine, en désaccord avec la ligne politique générale. Les neuf autres sont celles de maires ou de leurs conseillers, concernant le retrait de leurs orientations d’aménagement et de programmation (OAP). Mais ces derniers ont salué la qualité du travail réalisé.
Ce vote n’a pas fissuré l’unité métropolitaine affichée lors de l’approbation du document en octobre. Nous avons choisi de reporter l’intégration des trois OAP défavorablement notées pour mieux sécuriser l’ensemble du PLUi-C.
Les 3 OAP retirées :
– Sablassou à Castelnau-le-Lez : construction d’environ 50 000 m² de surface de plancher intégrant la création d’équipements d’intérêt collectif et services publics, notamment la clinique du Parc, l’accueil d’activités économiques, et un programme d’hébergement pour travailleurs
– Petit Tinal à Lattes : nouveau quartier de 4,7 ha à dominante d’habitat – 180 logements – au contact de constructions existantes et d’espaces agricoles
– Meyrargues à Vendargues : 950 logements maximum dont une résidence senior et des équipements publics dont un groupe scolaire plus un pôle d’activités économiques d’environ 25 000 m² de surface de plancher
Ce retrait d’OAP ne vous expose-t-il pas à d’éventuels recours ?
Les recours font partie du fonctionnement démocratique. Toutefois, nous sommes confiants car le PLUi-C repose sur des bases solides, politiquement et règlementairement. Sur 56 OAP, 53 n’ont suscité ni réserves ni avis négatif. Les projets écartés n’affaiblissent pas le document, qui reste largement concerté et structurant d’autant qu’il a été renforcé pour intégrer les recommandations de la commission d’enquête.
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Le PLUiH de Toulouse a été annulé sur des points similaires à ceux dénoncés à Montpellier. Craignez-vous un scénario similaire ?
Nous avons tiré les enseignements de la jurisprudence toulousaine. Près de 500 ajustements ont été apportés entre l’approbation d’octobre 2024 et le vote de juillet 2025, pour tenir compte des avis des communes et des commissaires enquêteurs, notamment sur la consommation foncière et l’étalement urbain, et ainsi sécuriser le document sans remettre en cause son équilibre général. La commission d’enquête a validé la bonne conduite de la concertation, qui a inclus huit phases de mise à disposition depuis 2019.
Si des recours sont déposés, ce sera au juge de trancher, mais nous assumons une démarche sérieuse, transparente et conforme aux exigences réglementaires.
Les écologistes accusent le document de bétonner 725 hectares : que leur répondez-vous ?
Ce chiffre représente la moitié des 1500 hectares initialement urbanisables dans le SCOT. C’est un effort collectif important de sobriété foncière qui s’inscrit pleinement dans les objectifs de la loi ZAN. 85 % des besoins en logements seront couverts par l’urbanisation existante ou déjà engagée. Deux tiers du territoire métropolitain restent agricoles, naturels ou forestiers. Nous avons même rendu 260 hectares à ces usages.
Ce travail s’inscrit dans la continuité de celui mené dès 2020 par l’ancienne vice-présidente écologiste Coralie Mantion. Je n’ai pas modifié la stratégie mais accompagné la phase finale. Les critiques sont entendables, mais n’oublions pas que les écologistes ont participé à cette coconstruction, et que certains ont voté le PLUi-C.
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Comment pouvez-vous garantir la faisabilité des 4500 logements annuels prévus ?
Cet objectif repose sur un essor démographique maîtrisé de 0,9% par an, correspondant à la réalité de notre Métropole. Ce n’est pas un cap imposé, mais un objectif partagé et porté politiquement par les 31 maires pour anticiper les besoins en logement sans subir cette croissance. Il ne s’agit pas de construire plus, mais de construire mieux : assurer la mixité sociale, prévoir des tailles minimales, garantir des logements accessibles, encadrer la densification à travers des opérations globales via les OAP.
Le PLUi-C permet de réinvestir des zones identifiées par les communes, tout en protégeant leur patrimoine. Il offre un cadre clair et stable pour les professionnels. Et nous continuerons de travailler avec eux, dans l’esprit de co-construction qui a présidé à ce document, en conciliant développement et contraintes environnementales.
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Quelles suites concrètes comptez-vous donner aux propositions de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Occitanie Méditerranée, notamment sur les risques ?
Nous avons toujours travaillé en bonne intelligence avec la FPI, et nous allons poursuivre dans cet esprit. Sur les risques hydrauliques et incendies nous distinguons ce qui relève de la réglementation nationale – portée par l’État et la DDTM – et ce que nous pouvons intégrer localement. C’est pourquoi nous avons décidé d’adopter une doctrine métropolitaine sur le ruissellement, afin d’informer et de responsabiliser élus, habitants et promoteurs.
La FPI a également formulé des propositions intéressantes sur la densification le long des axes de transport et dans les territoires de projet. Nous allons les étudier ensemble, avec comme ligne directrice la qualité de vie et le respect des spécificités territoriales. Enfin, nous avons entendu les attentes des professionnels sur la question des délais d’instruction des demandes d’urbanisme : nous nous engageons à fluidifier et accélérer ces procédures.
Quelles seront les priorités concrètes cet automne ?
Le PLUi-C est un document vivant. Dès octobre, une première modification réglementaire intégrera les trois OAP en attente, en les alignant sur les recommandations de la commission d’enquête.
En parallèle, une OAP « énergie-climat » sera lancée : elle donnera une cohérence transversale à toutes les OAP, en renforçant nos engagements sur la production d’énergies renouvelables, l’extension des réseaux de chaleur, la prévention des risques et l’adaptation climatique. L’évaluation du SCOT débutera également à l’automne, pour ajuster nos priorités en matière de logements et d’activités économiques.