Après avoir officialisé sa candidature aux élections municipales à Nice au journal de TF1, Éric Ciotti a rédigé un long courrier aux Niçois.

Après son livre, Je ne regrette rien (Fayard), Éric Ciotti a de nouveau pris la plume pour rédiger une longue lettre aux Niçois afin d’expliquer les motivations de sa candidature à la mairie de Nice, qu’il a officialisée, ce mercredi, sur TF1. En 20 pages, avec comme slogan «le meilleur est à venir», le député et président de l’union des droites (UDR) alterne critiques acerbes de la gestion du maire Christian Estrosi, son ancien mentor devenu son pire ennemi, et propositions pour la cinquième ville de France.

Éric Ciotti voit cette élection, prévue les 15 et 22 mars 2026, comme «décisive». Et même s’il s’agit d’un scrutin local, il veut aussi l’inclure dans une clarification nationale. «Votre bulletin de vote comptera double : il dira non à la fuite en avant d’un pouvoir présidentiel usé et oui à un nouveau destin pour Nice», écrit-il en référence au ralliement de Christian Estrosi à Emmanuel Macron, puis aujourd’hui à Horizons, alors qu’ils étaient à l’époque tous les deux membres de LR.


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«Nice et les Niçois ne pourraient supporter un quatrième mandat aussi ruineux, marqué par des polémiques qui ont terni l’image de notre ville […] Je vous invite à oser sereinement le changement», résume Éric Ciotti. Il assume ainsi son tournant vers l’UDR et son alliance avec le Rassemblement national, qu’il veut aussi croire gagnante pour la conquête de l’hôtel de ville du bord de la baie des Anges. Sur X, Jordan Bardella, le président du parti à la flamme, lui a d’ailleurs apporté son soutien.

Détestation

Ce courrier de 20 pages donne aussi la teneur de la profonde détestation de Christian Estrosi et amorce ainsi le duel sanglant à venir entre les deux frères ennemis de la Côte d’Azur. «Politique bling-bling, irréfléchie», «démolisseur le plus coûteux de France», «communication extravagante et disproportionnée», «le maire de la dette, des impôts, du provisoire, de l’artificiel»… Les accusations s’étalent sur quasiment toutes les pages. Il n’est plus le Christian Estrosi qu’il a connu comme directeur de cabinet, il s’est «détourné de ses valeurs et de ses promesses pour engager au fil des années une politique clinquante, hasardeuse, ruineuse, faible», énonce-t-il comme il fait déjà depuis quelques années.

Mais Éric Ciotti assure que s’il saute le pas d’une candidature, contrairement à 2020 où il s’était retiré au dernier moment, c’est pour «l’amour» qu’il porte à Nice. À cette époque, déjà, il avait songé à une lettre pour annoncer sa candidature. Dans les premières pages, le député s’applique ainsi à décrire, quartier par quartier, la ville et évoque son «caractère tenace» par divers profils de Niçois (fleuriste, fonctionnaire, enseignante, caissier, boulanger…).

«Nice est toujours aussi belle, bien sûr. Mais la politique conduite par la municipalité depuis plusieurs années l’a rendue moins authentique, moins fraternelle, moins fidèle à elle-même et surtout moins sûre», ajoute Éric Ciotti, dénonçant ainsi une «transformation brutale, souvent artificielle».

«Changer de méthode»

Il promet ainsi un changement «de méthode, de rythme, d’équipe et surtout, de cap» avec «une équipe déjà en train de bâtir un grand projet pour Nice». Avec son constat alarmiste, il esquisse une dizaine de propositions. Côté sécurité, premier point qu’il aborde, Éric Ciotti veut le «doublement des effectifs de police municipale sur le terrain» et souhaite «la construction d’un centre éducatif fermé et la création d’une cour d’appel à Nice».


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Noir sur blanc, il s’engage ensuite à baisser la taxe foncière de 20% «dès les premières années du mandat pour effacer la dernière augmentation» et à lancer «un audit complet des finances municipales». Crèches supplémentaires, climatisation dans les écoles, établissements de proximité pour les séniors sont aussi évoqués. La santé sera «une priorité municipale», prévient-il encore.

En quelques paragraphes sur l’écologie, il dénonce une énième fois la destruction de l’ancien théâtre et palais des congrès Acropolis pour prolonger la «coulée verte» en pleine ville. «On ne végétalise pas une ville avec quelques arbres en pot et du gazon en plaque sur des dalles de béton», raille-t-il. Sur ce volet, il mise davantage sur «la géothermie et la thalassothermie». Le marché d’intérêt national (MIN), le Rungis de la Côte d’Azur, doit pour lui devenir «le centre d’un grand projet économique à dimension internationale». Il songe aussi à la construction d’un nouveau palais des congrès et d’exposition, l’actuel au port étant pour lui un «hangar».

Il décrit la ville comme «endormie culturellement» et maintient son idée de créer un théâtre dans l’ancienne gare du Sud, actuellement une halle gourmande. «Vous pouvez compter sur moi comme je sais pouvoir compter sur vous», écrit-il manuscritement à la fin de sa lettre, qui va commencer à être distribuée ce jeudi et tout au long d’une longue campagne, où tous les coups s’annoncent permis.